Anniversaire En Ariège, le réseau Clastres sera ouvert aux visites pour trois mois à l'occasion du centième anniversaire de sa découverte.La grotte de Niaux ouvre sa galerie de dessins Quelques kilomètres supplémentaires de la grotte de Niaux, l'une des plu célèbres grottes ornées de France avec Lascaux et Chauvet, seron exceptionnellement ouverts à partir de samedi et pour trois mois à l'occasion du centième anniversaire de la découverte de ses dessins préhistoriques. L réseau Clastres, l'une de ses galeries habituellement fermée au public parce qu'inondée, a été pompé et les visiteurs pourront découvrir au bou du voyage sous terre des dessins d'hommes préhistoriques et leurs traces d pasSur le même sujet Une visite triée sur le voletLe village de Niaux se cache au fond d'une vallée d'Ariège, au bout d'une route décorée de «oui à l'ours» ou «non à l'ours». Balou se trouverait tout près. Du village, on aperçoit dans la montagne l'ouverture de la caverne, porche creusé dans la roche. Pour atteindre le réseau Clastres, il faut parcourir deux kilomètres de galeries, chaussé de bottes, avec une lampe de poche, seul moyen de voir où l'on met les pieds sur un sol façonné par les infiltrations d'eau. Il fait 12 °C et l'air est parfaitement respirable. Les passages faciles alternent avec ceux où il faut patauger dans l'eau, plié en deux, ramper ou se laisser glisser le long d'une corde, la pente étant un peu raide. Le guide ne prend pas plus de quatre personnes à la fois.Inhabitée. Les salles de la grotte de Niaux sont vastes, décorées de concrétions spectaculaires. Première halte : un simple trou conservé en l'état, vestige d'un sondage effectué par l'abbé Breuil, préhistorien du début du XXe siècle. Il voulait s'assurer que la grotte n'avait pas été habitée. Les hommes de Cro-Magnon ont dessiné dans ces galeries mais ne s'y sont effectivement pas installés. Il s'agissait en fait des Magdaléniens du nom de l'abri de la Madeleine où l'on a retrouvé en 1928 leurs premiers vestiges qui vivaient entre 20 000 et 10 000 ans avant notre ère. Certains dessins ont été datés à 13 000 ans. Selon Pascal Alard, directeur du parc de la préhistoire d'Ariège, «ces hommes étaient comme vous et moi et sont venus dans cette région pour chasser le bouquetin» . Semi-nomades, ils passaient neuf mois par an dans les montagnes et leur économie était basée sur le renne (chair, peau, bois, os...).Un peu plus loin, ce sont des graffitis qui attirent l'oeil, pas du tout préhistoriques ceux là puisqu'ils datent pour la plupart du XIXe siècle. La grotte de Niaux est une des plus anciennes grottes découvertes, peut-être a-t-elle toujours été visitée depuis la préhistoire. L'une de ces inscriptions révèle : «La grotte a été ravagée en 1820.» Son auteur dénonce les visiteurs qui à l'époque n'hésitaient pas à repartir avec stalactite ou stalagmite en les sciant. Aujourd'hui encore, il en reste les moignons. Les premiers graffitis de l'époque moderne datent du XVIIe siècle. L'un d'eux affiche 1602. Le plus étonnant est que les dessins qui font aujourd'hui la célébrité de l'endroit ont longtemps été ignorés des visiteurs. Ainsi, en 1866, Félix Garrigou, pourtant préhistorien de la région, note dans ses carnets : «Une grande salle ronde portant de drôles de dessins. Qu'est ce que c'est que cela ? Amateurs artistes ayant dessiné des animaux. Pourquoi cela ? Déjà vu avant.» Il faudra attendre 1906 pour que les dessins soient authentifiés.Lacs. Après le «passage du diable», un peu acrobatique, apparaissent les premiers signes de la préhistoire, des points et des traits rouges ou noirs, dont on ignore encore la signification. Le rouge était obtenu à partir de l'hématite broyée puis mélangée à un liant quand le noir provient du bioxyde de manganèse. Sur la droite, dans un recoin, le squelette d'une fouine. Au bout de la galerie principale, le réseau se divise en deux. A droite, c'est le départ pour le fameux réseau Clastres. Il n'a été découvert qu'en 1970, et pour cause : il faut franchir quatre lacs pour le parcourir. On pense que les Magdaléniens utilisaient une autre entrée. Cette année, l'eau a donc été pompée pour permettre les visites. Si des pluies diluviennes ne tombent pas car l'un des lacs se remplit en quelques heures.Très vite, on débouche dans une salle ornée de draperies naturelles, blanches et ocres évoquant le lever de rideau d'une scène de théâtre. Ici rien n'a été vandalisé. Après un kilomètre, voici la salle des peintures : unique dans l'art pariétal, une belette se détache de la paroi, tracée de neuf coups de crayons. En face d'elle, un magnifique bison, des stalactites descendent de son ventre, la calcite l'a recouvert au fil des ans. «Les chevaux et les bisons n'étaient pas majoritaires dans la nourriture des Magdaléniens, pourtant ce sont les animaux les plus représentés. Les thèmes sont précis et les conventions respectées : la façon de faire les pattes en triangle, la queue qui ne touche jamais l'arrière train», explique Pascal Alard.Et puis sur la droite, sur une partie du sol inviolé, des traces de pas profondément incrustées dans le sable tendre. Intactes, comme si les visiteurs, trois enfants et un adulte, étaient passés il y a quelques jours. Peut-être les auteurs des dessins ? Pour la première fois, ces vestiges de la préhistoire ne sont pas uniquement réservés à quelques scientifiques privilégiés.
