Scandale En Allemagne, le scandale Volkswagen attise la polémique sur les revenus des hommes politiques Mis en cause pour avoir continué à toucher son salaire de cadre de Volkswagen après son élection au Bundestag, le député social-démocrate (SPD) allemand Jann-Peter Janssen a annoncé, vendredi 14 janvier, sa démission du Parlement. Cette décision intervient au lendemain de la publication par le constructeur automobile de la liste de ses salariés qui, passés en politique, ont continué d'être rémunérés par l'entreprise. Tout comme son collègue Hans-Jürgen Uhl, cadre du conseil d'entreprise de Volkswagen, M. Janssen avait effectivement conservé sa rémunération, mais il avait surtout affirmé, dans un premier temps, ne plus être rémunéré par VW depuis son entrée au Bundestag en 1994. Invoquant des "différences d'interprétation" sur son statut chez Volkswagen, M. Janssen a expliqué, vendredi, qu'il souhaitait que "sa famille et son parti -ne- soient -pas- accablés plus longtemps par des spéculations sur ses revenus", selon une déclaration diffusée par la section du SPD dans sa circonscription d'Aurich-Weser Ems (Nord). Le secrétaire général du Parti social-démocrate, Franz Müntefering, avait estimé, jeudi, lors d'un séminaire du parti à Leipzig, où M. Janssen n'assistait pas, que le "lobbying secret" devait être sanctionné. "RÈGLES DE CONDUITE" La polémique sur la rémunération par des grandes entreprises de leurs salariés ayant embrassé une carrière politique grossit depuis décembre. Elle a conduit, juste avant Noël, à la démission de Laurenz Meyer, le secrétaire général de la CDU, qui aurait discrètement perçu des avantages de la part de son ancien employeur, le groupe de gaz et d'électricité RWE. Selon un sondage de l'institut Forsa, publié mercredi par le magazine Stern, 86 % des Allemands sont favorables à l'obligation de publication de l'ensemble des revenus des hommes politiques, 12 % sont contre. L'association Transparency International s'est aussi prononcée pour cette mesure. Pour l'instant, les députés ne sont soumis qu'aux "règles de conduite" figurant en annexe du règlement du Bundestag, qui leur impose de déclarer leurs différentes activités professionnelles et les mandats qu'ils détiennent dans des conseils d'administration, de surveillance ou des directoires. Seules ces informations sont publiées. Si leur rémunération mensuelle dépasse un montant fixé par le président de l'Assemblée - actuellement à 3 000 euros -, ils doivent lui en déclarer le montant, qui n'est cependant pas publié. Les conflits d'intérêts doivent être signalés. Ces règles de bonne conduite ne sont cependant assorties d'aucune mesure contraignante. La seule sanction possible pour le président est de rendre publics les écarts de conduite des députés. Au Bundestag, les députés perçoivent une indemnité mensuelle de 7 009 euros, à laquelle s'ajoutent divers remboursements de frais. Le débat pourrait conduire à un durcissement des règles de déclaration des revenus annexes. Mais "voulons-nous arriver(...) à ce qu'il n'y ait plus au Parlement de représentants de membres des professions libérales, d'entrepreneurs, de syndicalistes ?", a mis en garde le président du Bundestag, le social-démocrate Wolfgang Thierse sur l'antenne de la Deutschlandradio Berlin, vendredi. M. Thierse estime que la publication de leurs revenus par des entrepreneurs ou des avocats pourrait leur poser des problèmes de concurrence.