Annonce En Allemagne, la gauche relance le débat sur l'abolition du service militaire obligatoire Ce débat va de pair avec l'annonce de la fermeture de nombreuses bases et installations militaires, qui vont entraîner la disparition de 40 000 emplois dans tout le pays.Insensiblement, le ministre allemand de la défense, le social-démocrate Peter Struck, a modifié sa position. Hier encore, il était, disait-il, opposé à l'armée de métier pour des raisons "éthiques". Désormais, ce sont surtout des motifs économiques qu'il avance. S'il fallait aujourd'hui abolir le service militaire et construire une armée de métier, vient-il de déclarer au quotidien de Hanovre Neue Presse, l'Allemagne devrait renoncer à 60 autres implantations militaires, en plus des 105 qu'elle s'apprête déjà à fermer en Allemagne.Après de pénibles discussions au sein des états-majors et des bureaux du ministère de la défense, la décision du ministre de fermer, d'ici à 2010, une centaine de nouvelles bases et implantations militaires est en effet tombée au début du mois, accompagnée de l'annonce de la suppression de 40 000 emplois qui s'étalera sur plusieurs années.La fermeture de 100 autres installations avaient déjà été préalablement décidée, suscitant des conflits aux échelons supérieurs de l'armée de terre : en début d'année, l'inspecteur général, le général Gerd Gudera, avait démissionné en signe de protestation. Compte tenu des contraintes financières qui s'exercent sur une armée en équilibre incertain entre la conscription et la professionnalisation, plusieurs experts estiment que les fermetures annoncées aujourd'hui pourraient ne pas être les dernières.La Bundeswehr gère actuellement 630 bases, casernes et installations diverses. Les dernières décisions, qui concernent essentiellement l'armée de terre, toucheront surtout la Bavière, la Basse-Saxe, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le Schleswig-Holstein et la Hesse. Treize casernes, dont celle de la 7e division blindée basée à Düsseldorf, seront fermées rien qu'en Rhénanie-du-Nord-Westphalie ; treize établissements sont touchés au Schleswig-Holstein ; dix autres en Hesse, dont cinq emploient entre 500 et 1 000 personnes et un plus de 1 000.Après la décision de fermeture visant déjà, l'été dernier, plusieurs grosses bases américaines, le coup est rude pour des dizaines de communes où sont stationnés les soldats.Peter Struck et son entourage soulignent qu'ils n'ont pas le choix. "La mesure est douloureuse mais inévitable", a estimé le ministre. Vingt-six milliards d'euros d'économie doivent être réalisées d'ici à 2010 sur le budget des armées, dont les deux-tiers seront à la charge de l'armée de terre, conformément à la redéfinition des missions de la Bundeswehr qui a décidé de porter ses efforts d'investissement sur l'aviation et, dans une moindre mesure, sur la marine. "Il y a une urgente nécessité à mettre en conformité notre planification et nos finances", avait déclaré M. Struck, il y a déjà plusieurs mois, en présentant son premier plan de réduction.Les mesures annoncées ont soulevé une forte émotion dans les communes et les Länder concernés. Au diapason de plusieurs députés chrétiens-démocrates, Roland Koch (CDU) - le ministre-président du Land de Hesse - a estimé qu'une aide de l'Etat d'un montant de plusieurs centaines de millions d'euros serait "une somme réaliste" pour aider à amortir le choc.Le syndicat des services publics Verdi a élevé des revendications analogues, reprochant au ministre de la défense d'avoir pris ses décisions sans tenir compte des retombées économiques sur les communes. Depuis des années, ces dernières se plaignent d'être dans une situation financière catastrophique. Mais il est exclu que l'Etat, lui-même en mauvaise posture, puisse répondre à ces demandes.Ces décisions et polémiques ont en tout cas fait une heureuse : la députée et co-présidente du parti des Verts, Claudia Roth, qui se félicite que le débat en cours illustre la nécessité d'abandonner l'armée de conscription pour passer définitivement à une armée de métier. Dans un entretien au journal Bild am Sonntag, Claudia Roth a estimé que le service militaire "ne se justifie plus en terme de sécurité." "Nous n'avons plus besoin d'une armée de masse pour nous défendre", a-t-elle renchéri.Par antimilitarisme hier, par réalisme économique et fonctionnel aujourd'hui, les Verts ont toujours été contre le service militaire obligatoire, lui préférant un service civil que suivent, d'ailleurs, de nombreux jeunes Allemands.Plus traditionnel, Peter Struck, le ministre de la défense, comme nombre de ses amis du parti social-démocrate, demeure attaché au service militaire, même si de moins en moins de conscrits sont appelés sous les drapeaux. D'après les plans du ministre visant à réduire à 250 000 hommes les effectifs de la Bundeswehr, seuls 40 000 soldats (soit 10 % d'une classe d'âge) seront encore appelés dans les prochaines années. Les autres seront déjà des militaires de carrière.Fort de cette constatation, les Verts, désormais épaulés par de jeunes sociaux-démocrates - selon lesquels "l'égalité devant le service militaire n'est plus assurée" - demandent l'abrogation pure et simple de la conscription. La semaine dernière, neuf jeunes responsables du SPD se sont publiquement exprimés dans ce sens. Ils doivent défendre leur position lors d'une réunion nationale convoquée sur le sujet par la direction du SPD le 13 novembre.Georges MarionIl y a quinze ans, la chute du mur de BerlinLe 9 novembre 1989, le mur de Berlin était abattu, entraînant la disparition du "rideau de fer" qui divisait l'Europe et l'effondrement pacifique de l'empire soviétique. Onze mois plus tard, le 3 octobre 1990, l'Allemagne était réunifiée, avec l'accord des vainqueurs de la seconde guerre mondiale. Plusieurs manifestations sont prévues mardi, notamment des dépôts de gerbes à la mémoire des 1 065 personnes tuées en tentant de franchir le mur. La ministre déléguée à la culture, Christina Weiss, et le maire de Berlin, Klaus Wowereit, se rendront au mémorial du mur de la Bernauerstrasse, lieu de l'ancien poste-frontière qui avait le premier ouvert les barrières vers Berlin-Ouest, le soir du 9 novembre 1989. Cette date fut "un jour de triomphe pour la liberté et la démocratie", a déclaré lundi le chancelier Gerhard Schröder. Sur le plan intérieur, pourtant, beaucoup reste à faire pour unifier les deux Allemagne malgré les milliards investis. Quelque 18 % de chômeurs à l'Est, 8 % à l'Ouest : les chiffres témoignent des déséquilibres persistants.
