Annonce En Allemagne, Joschka Fischer assume ses erreurs dans l'affaire des visasC'est ma responsabilité. Ecrivez-le, c'est Fischer qui est fautif. J'aurais dû être informé et agir plus tôt. C'est mon échec", s'est exclamé le ministre des affaires étrangères allemand, lundi 25 avril, devant une commission d'enquête parlementaire sur les visas délivrés avec laxisme en Europe de l'Est. L'opposition conservatrice et libérale reproche depuis plusieurs mois à Joschka Fischer d'avoir permis l'entrée de dizaines de milliers de clandestins dans l'espace européen Schengen de 1999 à 2003 et ainsi fait augmenter la criminalité. Des accusations vigoureusement réfutées par le leader des Verts, au cours d'un monologue d'introduction de deux heures et dix-huit minutes. Il a assuré que la politique des visas suivie par la coalition au pouvoir depuis 1998 s'inscrivait dans la ligne de celle des gouvernements précédents, notamment sous l'ère du chancelier chrétien-démocrate Helmut Kohl (1982-1998). Le ministre a toutefois reconnu n'avoir pas réalisé suffisamment rapidement que les failles de circulaires décidées depuis son arrivée au ministère aient été exploitées par des réseaux de passeurs.LE MINISTRE FUSTIGE L'OPPOSITIONTout en assumant ses erreurs, Joschka Fischer a fustigé l'opposition. Il a accusé les Unions chrétiennes CDU/CSU d'avoir dramatisé cette affaire, à quatre semaines d'une élection régionale cruciale pour la coalition gouvernementale entre les sociaux-démocrates du chancelier Gerhard Schröder et les Verts. Il a également accusé des dirigeants de l'opposition conservatrice de l'avoir diffamé - Joschka Fischer a été traité de "souteneur" par un dirigeant de l'Union chrétienne-sociale (CSU) - de même que le ministre délégué aux affaires étrangères de 1998 à 2002, Ludger Volmer, qui avait donné son nom à la circulaire sur ces visas, objet d'une enquête de l'Union européenne examinant leur conformité. Fait sans précédent en Allemagne, l'audition du ministre devant la commission d'enquête était retransmise en direct à la télévision.POIDS SUR LES ÉLECTIONSLes affirmations sur les dommages économiques causés à l'Allemagne par l'affaire des visas - des milliards d'euros, d'après l'opposition - ont été démenties par l'ensemble des experts, a précisé le ministre, dont la popularité a chuté de 20 points de pourcentage depuis janvier, quelques semaines après la constitution de la commission d'enquête sur cette affaire. Il a également mis l'accent sur la nécessité d'une politique libérale en matière des visas à la fois pour l'économie allemande et pour les pays d'Europe de l'Est, notamment en matière de démocratisation. "La liberté de voyage est une des conquêtes essentielles" du post-communisme, a-t-il ajouté. L'affaire risque de peser sur l'élection régionale du 22 mai en Rhénanie du Nord-Westphalie (ouest), bastion des sociaux-démocrates, comme l'a fait remarquer le week-end dernier le président du SPD, Franz Muentefering. Cette "affaire a davantage déstabilisé nos électeurs que ceux des Verts", a-t-il déclaré.
