Annonce En Afghanistan, des rebelles mieux organisés infligent de lourdes pertes aux forces américainesA moins d'un mois des élections législatives du 18 septembre, l'Afghanistan a encore connu, dimanche 21 août, une journée de violences particulièrement sévère pour les Etats-Unis. Quatre soldats américains ont été tués et trois autres blessés par l'explosion d'une bombe télécommandée de forte puissance au passage de leur convoi dans la province rebelle de Zaboul. Deux diplomates américains ont été légèrement blessés à la sortie nord-ouest de Kaboul par une bombe qui a explosé près de leur convoi.105 rebelles talibans auraient été tuésLes forces américaines et les troupes gouvernementales afghanes ont tué au moins 105 rebelles talibans lors d'opérations menées en Afghanistan au cours des trois dernières semaines, a annoncé lundi l'armée américaine.Ces opérations sont destinées à renforcer la sécurité dans la perspective des élections législatives qui doivent avoir lieu le 18 septembre, selon une porte-parole militaire américaine.[-] fermerLes Afghans affiliés au gouvernement n'ont pas non plus été épargnés. Un responsable religieux de la province de Kandahar, Maulawi Abdullah Malang, membre du conseil des oulémas, a été tué avec son neveu alors qu'il sortait d'une mosquée à l'issue de la prière. Il est le huitième responsable religieux tué récemment dans les provinces du sud et du sud-est de l'Afghanistan, où les opposants sont actifs. Un autre religieux de Spin Boldak, à la frontière pakistanaise, a été attaqué dimanche par deux hommes à moto, mais a réussi à s'enfuir. Enfin, quatre policiers sont morts dans l'explosion de bombes au passage de leur convoi dans les provinces de Zaboul et d'Uruzgan.L'éruption de violences qui frappe l'Afghanistan depuis le printemps semble largement dépasser le seul contexte électoral et pourrait indiquer l'ouverture d'un second front antiaméricain après l'Irak. "Les rebelles opèrent cette année de façon beaucoup plus intelligente, remarque Christian Willach, de l'organisation non gouvernementale ANSO (Afghanistan NGO Security Office). Ils évitent les engagements meurtriers avec les forces de la coalition et opèrent avec des bombes placées sur les routes, tuent des officiels du gouvernement de façon à déstabiliser le contrôle de celui-ci dans les districts, etc." Ces assassinats, qui visent, outre les religieux, les recrues intégrées dans la police nationale ou des responsables de district, ont un retentissement d'autant plus fort que le gouvernement est incapable de protéger ses fonctionnaires. Récemment, dans le sud-est du pays, un groupe de responsables policiers a menacé de démissionner, et certains d'entre eux l'ont fait, en soulignant qu'ils n'avaient pas les moyens de combattre les rebelles. Les religieux de Kandahar ont laissé entendre, eux, qu'ils ne s'engageraient plus au côté du gouvernement.Réorganisés depuis le printemps en un "Front des moudjahidins" qui regroupe les talibans, les fidèles de l'ex-premier ministre Gulbuddin Hekmatyar et les membres toujours présents d'Al-Qaida, les rebelles se sont "professionnalisés". "L'année dernière, 70 % des bombes artisanales n'atteignaient pas leur but. Cette année, 85 % le font ; les opposants ont reçu un entraînement sérieux cet hiver", dit Christian Willach.DIMENSION POLITIQUELes pertes américaines 74 morts depuis le début de l'année, dont 50 dans des opérations de guerre sont déjà supérieures d'un tiers au bilan de toute l'année 2004. Depuis le printemps, de nombreux "Arabes" (anciens combattants du djihad antisoviétique qui vivaient au Pakistan) sont rentrés en Afghanistan, tout comme des Pakistanais du groupe islamiste extrémiste Lashkar-e-Taiba. "Les opérations sont généralement menées par un groupe de 15 à 20 individus à moto, avec toujours un étranger pour les conseiller et les aider" , affirme M. Willach. Les rebelles ont aussi développé des stations de radio mobile qu'ils utilisent pour leur propagande. Simple et directe, celle-ci est d'autant mieux reçue que les rebelles savent jouer de la corde sensible de la religion et du nationalisme.Les opposants paraissent avoir intégré une dimension politique à leur lutte ; dans la ceinture pachtoune, plusieurs commandants ralliés au gouvernement dans le cadre de la politique de réconciliation se présentent aux élections sans que l'on sache très bien pour qui ils travaillent. "Depuis la réintégration de dix-huit commandants du Hezb-e-Islami de Gulbuddin Hekmatyar dans la province de Paktia, il y a deux mois, on commence à voir des incidents" dans cette province, relève un observateur. La multiplication des attaques ne menace pas vraiment la tenue des élections. Mais elle hypothèque l'avenir au moment où l'incapacité du gouvernement à s'imposer risque de remettre en question le soutien dont il jouit en raison de son association avec l'aide étrangère.
