Statistique En 2004, le déficit du commerce extérieur a atteint 7,8 milliards d'euros C'est le plus mauvais chiffre enregistré par la France depuis 1991. Pour François Loos, ministre délégué au commerce extérieur, il n'y a pas "de problème de compétitivité". Le gouvernement prépare des mesures d'aides fiscales aux entreprises exportatrices.Peut mieux faire. Le commerce extérieur français a terminé l'année 2004 dans le rouge : le solde est négatif de 7,8 milliards d'euros, selon les chiffres publiés par la direction des douanes vendredi 11 février. Les importations (349,1 milliards d'euros, en hausse de 8,6 %) ont dépassé les exportations (341,3 milliards, + 5,6 %). C'est le plus fort déficit depuis 1991 et, pour la troisième année consécutive, la contribution des échanges extérieurs à la croissance française a été négative.Le ministre délégué au commerce extérieur, François Loos, se félicite, malgré tout, du dynamisme français. "Les exportations ont atteint un niveau record, les importations aussi. Cela reflète l'internationalisation très forte de l'économie", explique-t-il. Il ajoute que si on retire l'énergie, dont le prix a flambé, le solde serait excédentaire de 17,5 milliards d'euros. Il n'y a donc "pas de problème de compétitivité", estime M. Loos en précisant que la balance des services a dégagé un excédent en 2004, "supérieur au déficit sur les biens". Mais cet excédent se réduit.Pour 2005, les perspectives ne sont pour l'instant pas très bonnes. Même si le dollar est remonté face à l'euro, les prix des produits des entreprises françaises sont moins compétitifs. L'enquête réalisée par l'Insee auprès des industriels sur la concurrence étrangère et les exportations, publiée le 24 janvier, indique que "les entrepreneurs anticipent un tassement de la part de leur chiffre d'affaires à l'exportation au premier semestre 2005".Surtout, les chiffres de 2004 reflètent le fait que lorsque le dollar baisse, les produits vendus par la France résistent moins bien que ceux vendus par l'Allemagne, dont les exportations progressent de 10,2 % à 731 milliards d'euros. Lionel Fontagné, économiste au Cepii, y voit le signe que "la France produit des produits moyens de gamme alors que l'Allemagne se situe davantage dans le haut de gamme, et qu'elle n'innove pas assez". Pour les économistes, le mauvais chiffre du commerce extérieur est un signal d'alarme aux pouvoirs publics et aux entreprises : les bons comptes à venir, insistent-ils, passent par plus d'innovation. Ils en veulent pour preuve que les constructeurs automobiles sont ceux des industriels qui innovent le plus. Or, en 2004, l'automobile est, avec les biens de consommation, en particulier la pharmacie, le cuir et les chaussures, le secteur qui a le plus tiré les exportations. Les ventes d'Airbus, elles, se sont stabilisées.Au-delà de cet aspect industriel, le retour du commerce extérieur dans le rouge n'est pas considéré comme catastrophique par les économistes. Pour quatre raisons. La première, c'est l'euro. La deuxième, c'est que la France n'est pas seule afficher des comptes extérieurs dans le rouge et qu'elle partage cette caractéristique avec des pays ayant une solide croissance. Tels les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Espagne. Or leurs déficits sont autrement plus élevés que celui de la France : 617,7 milliards de dollars aux Etats-Unis (23 % de plus qu'en 2003) - un niveau record -, plus de 55 milliards d'euros en Espagne, plus de 80 milliards d'euros en Grande-Bretagne. Ces pays ont enregistré, en 2004, une consommation dynamique, appel d'air pour les importations. En France, la demande pour les équipements audiovisuels et les meubles a été marquée. Cela s'est ajouté à l'envolée du prix des métaux (+24 %), de l'acier (+43 %) et du pétrole (+20 %). NOUVEAUX PLANS D'ACTIONTroisième raison de ne pas verser dans le catastrophisme : les pays qui dégagent de forts excédents commerciaux n'arrivent pas à relancer leur économie grâce à ce phénomène. C'est ce que relève une étude de Patrick Artus, directeur des études économiques de Ixis, la banque d'investissement des Caisses d'épargne, publiée le 10 février. L'Allemagne, par exemple, dont l'excédent est estimé à 156 milliards d'euros, exporte beaucoup, mais pour rester compétitive, elle a réorganisé son industrie internationalement, sous-traitant ou délocalisant une partie de sa production en Europe centrale. Chaque produit exporté accroît donc aussi les importations et ne se traduit donc pas forcément par des créations d'emplois. En outre, pour rester compétitive l'Allemagne serre ses coûts, notamment les salaires. Par ailleurs, elle perd des parts de marchés pour les biens peu sophistiqués.Inquiet de l'évolution du commerce extérieur, et notamment de l'épée de Damoclès que représente l'évolution des taux de change, le gouvernement a annoncé des mesures fiscales en faveur des PME exportatrices et M. Loos lance de nouveaux plans d'action sectoriels, dans l'industrie agroalimentaire, l'équipement de la personne, ou les produits de la chimie.Sophie FayCroissance : l'objectif de 2,5 % atteint en 2004L'objectif d'une croissance de 2,5 % que s'était fixé le gouvernement pour 2004 a été atteint. Selon la première estimation de l'Insee, publiée vendredi 11 février, le produit intérieur brut (PIB) français - il mesure la richesse créée par l'économie - a progressé de 0,7 % à 0,8 % au quatrième trimestre de l'année (soit + 2,8 % à + 3,2 % en rythme annuel), repartant vigoureusement après un arrêt total au troisième trimestre (0 %). En 2004, le rythme de croissance, corrigé des jours ouvrables, atteint + 2,3 % (après + 0,5 % en 2003 et + 1,1 % en 2002). En données brutes, c'est-à-dire en tenant compte du fait que plusieurs jours fériés sont tombés un samedi ou un dimanche, la croissance atteint 2,5 %. Le dynamisme de l'économie au dernier trimestre est une bonne nouvelle pour 2005. L'acquis de croissance - ce que serait la progression si l'économie restait au point mort jusqu'à la fin de l'année - est déjà de 2,3 % en données corrigées. Or, en 2005, il y aura encore des jours fériés le samedi et le dimanche. La croissance devrait donc être dopée de 0,2 à 0,3 point. La prévision du gouvernement (+ 2,5 %) apparaît donc plus solide.
