Visite Ellen Johnson-Sirleaf, coqueluche parisienne Les politiques se disputent la présidente du Liberia, en visite officielle en France. Ellen superstar. Tout le monde s'arrache la présidente du Liberia venue pour la première fois en visite officielle à Paris depuis son entrée en fonction en janvier. Jacques Chirac, Philippe Douste-Blazy, Brigitte Girardin (la très discrète ministre déléguée à la Coopération), la patronne du Medef Laurence Parisot, et même la candidate UMP à la mairie de Paris Françoise de Panafieu. Tous veulent s'afficher avec la première chef d'Etat africaine. Invitée dans le cadre de la Journée de la femme avant-hier, Ellen Johnson-Sirleaf est la coqueluche du moment et elle le sait : «Je sais que je bénéficie du charme de la nouveauté mais je sais aussi que cela ne durera pas», expliquait-elle hier avec humour lors d'une conférence de presse au Centre d'accueil de la presse étrangère. Héritant d'un pays détruit par quatorze ans de guerre civile, la nouvelle présidente a besoin d'un maximum d'aide économique et de soutiens internationaux alors qu'elle est attendue la semaine prochaine au Conseil de sécurité de l'ONU. Elle devrait plaider pour le maintien des Casques bleus de la Minul présents au Liberia pour une durée de «trois ou quatre ans». En plus de la fragilité du retour à la paix au Liberia même, leur présence reste justifiée par le recrutement d'enfants-soldats (plus de 100 000 ont été mobilisés mais la plupart sont au chômage) par les différentes factions en conflit dans la Côte-d'Ivoire voisine. Elle exposera aussi les mesures prises depuis son arrivée au pouvoir afin de permettre une levée rapide des sanctions qui interdisent à son pays d'exporter du bois précieux et des diamants. «Nous avons annulé toutes les concessions forestières et nous sommes en train de définir les règles à respecter. En ce qui concerne le diamant, nous sommes sur la voie d'adhérer au protocole de Kimberley (de certification de leur origine, ndlr)», a-t-elle révélé hier. Autre sujet sensible : le sort du dictateur déchu Charles Taylor en exil forcé au Nigeria, où Ellen Johnson-Sirleaf s'est rendue la semaine dernière. «Taylor fera face à la justice», a-t-elle promis hier. Il est en effet réclamé par la Cour spéciale pour les crimes de guerre en Sierra Leone. Elle a insisté pour que la décision de son extradition soit endossée par les instances régionales et internationales. «Quoi que nous fassions, nous veillerons à ce que la sécurité du Liberia ne soit pas mise en danger.»