Nouveau/elle Efficacité d'une nouvelle trithérapie générique contre le sida Pour être informé avant tout le monde, recevez nos alertes par e-mail. Abonnez-vous au Monde.fr, 5€ par mois Moins chère (20 dollars par mois au lieu de 35 pour une thérapie équivalente avec des médicaments de marque), bien tolérée et observée par les malades, cette thérapie "fonctionne bien" selon Eric Delaporte, de l'Institut de recherche pour le développement. Une trithérapie générique associant trois antirétroviraux dans un même comprimé est efficace, permet de simplifier le traitement et d'en réduire le coût, ce qui pourrait faciliter l'accès aux médicaments antisida dans les pays en développement, selon une étude. "Il est clairement démontré que le médicament est efficace et bien toléré, il n'y maintenant plus de raison scientifique à opposer à son utilisation", a déclaré jeudi 1er juillet devant la presse à Paris le directeur de l'Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS), Michel Kazatchkine. Déjà utilisé sur des dizaines de milliers de patients notamment en Inde, en Thaïlande et en Afrique, ce cocktail de médicaments antisida réunis dans un seul comprimé, à prendre deux fois par jour, n'avait jusqu'alors pas été scientifiquement validé. C'est maintenant chose faite, selon les auteurs de l'étude paraissant dans la revue scientifique britannique The Lancet datée de samedi. Soixante patients à un stade avancé de la maladie suivis dans deux hôpitaux de Yaoundé (Cameroun) ont été traités avec un médicament générique commercialisé sous le nom de Triomune, associant trois antirétroviraux : lavimiduvine, stavudine et névirapine. Appartenant à deux classes différentes de médicaments anti-VIH, ces molécules empêchent la transcription sous forme d'ADN du matériel génétique viral, prélude indispensable à la réplication du virus. Après six mois de suivi, 80 % des patients ont une charge virale indécelable, soit "un taux identique" aux traitements des pays du Nord, selon Eric Delaporte, de l'Institut de recherche pour le développement (IRD), qui a coordonné l'étude. Cependant, cinq patients sont décédés et quatre autres ont souffert de maladies opportunistes. MOINS CHÈRE ET AUSSI EFFICACE QU'UNE TRITHÉRAPIE CLASSIQUE Moins chère (20 dollars [16,5 euros] par mois au lieu de 35 [28,5 euros] pour une thérapie équivalente avec des médicaments de marque), bien tolérée et observée par les malades, cette thérapie "fonctionne bien", souligne-t-il, à l'issue de ce programme associant également des médecins camerounais et l'organisation Médecins sans frontières. Cette étude apporte "la démonstration finale, la pièce manquante" prouvant l'efficacité de ce type de traitement, a déclaré le directeur général de l'Onusida, Peter Piot. "C'est un pavé politique", assure pour sa part Michel Kazatchkine, qui souligne que le programme américain refusait d'utiliser ces comprimés à dose fixe associant trois antirétroviraux, mettant en doute leur qualité. Jugant également "extrêmement dangereux pour le Sud" un discours invoquant un risque de moindre prévention avec l'apparition de traitements, il a relevé que dans les pays en développement, les études montrent au contraire qu'accès au traitement et meilleur accès à la prévention vont de pair. Quelque 40 millions de personnes vivent actuellement avec le VIH/sida dans le monde. Six à neuf millions de malades risquent de mourir dans les deux ans faute d'accès aux soins. Il faudrait 7 à 10 milliards de dollars par an pour répondre aux besoins et "on est encore très loin" du compte, relève Michel Kazatchkine, précisant que les programmes validés par le Fonds mondial contre le sida devraient permettre, à terme, à 1,6 million de malades de recevoir des antirétroviraux dans les pays en développement, contre environ 450 000 actuellement. "Les génériques ont eu un rôle colossal pour faire baisser les prix" des firmes pharmaceutiques, ajoute-t-il avec l'espoir que l'efficacité prouvée des trithérapies en un même comprimé incitera ces firmes à produire aussi ce type de médicament.