Mort d'Edward Bronfman
Mort Edward Bronfman, un empereur torontais - Edward Bronfman, bâtisseur avec son frère Peter de l'empire financier canadien Edper devenu Brascan est mort lundi 4 avril à l'âge de 77 ans. Avec lui s'éteint la lignée "financière" de la branche torontaise des Bronfman, famille d'éminents hommes d'affaires canadiens, puisque son frère Peter est lui-même décédé d'un cancer en 1996.Ensemble, ils avaient créé dans les années 1950 une petite société de placements, Edper (évoquant leurs deux prénoms), avec 25 millions de dollars canadiens hérités de leur oncle Samuel.Au Canada, ce fils de modestes émigrés juifs orthodoxes de Russie a fait fortune dans les spiritueux à la tête de Seagram. Plutôt que de demeurer à Montréal, siège social de Seagram, Edward et Peter Bronfman tentent leur chance à Toronto, la métropole financière du Canada.Edward Bronfman n'a peut-être pas autant le génie des affaires que son oncle. Le diplômé en administration des affaires du Collège Babson, au Massachusetts, saura, avec son frère, se faire bien conseiller. Au point qu'ils échafaudent ensemble en quelques années de brillants montages financiers, avec holdings et filiales croisées.DE L'IMMOBILIER AU BASE-BALLLeur recette : investir dans des sociétés de gestion auxquelles participent d'autres investisseurs ou des unités de leurs propres holdings. Ils s'assurent ainsi, avec un minimum de capitaux propres, un contrôle maximal sur les compagnies qui les intéressent. Au début des années 1990, les affaires sont si florissantes que les deux frères contrôlent un empire de plus de 100 milliards de dollars canadiens.La holding Edper, plus grosse entreprise canadienne à l'époque, connaît ainsi ses heures de gloire : un dixième du capital négocié à la Bourse de Toronto le concerne ; il détient des participations majoritaires dans plusieurs géants sectoriels (Noranda dans les mines, Trizec dans l'immobilier, MacMillan dans la forêt, Trust Royal dans la finance, John Labatt en alimentation et même un club de base-ball, les Blue Jays de Toronto).PHILANTHROPEDans les années 1990, la récession fait mal au groupe, singulièrement pour ses actifs immobiliers et son secteur de ressources naturelles. En 1989, déjà, Edward Bronfman a vendu un quart de ses parts dans Edper. Après la mort de son frère, en 1996, il restera néanmoins vice-président du groupe.Ce dernier est resté fort mais a bien changé. En 2000, Edper est devenu Brascan, un conglomérat resserré autour de trois pôles l'immobilier commercial, la production d'électricité et les services financiers tout en gardant un pied dans les métaux de base, avec Noranda et Falconbridge, récemment fusionnés.Le richissime homme d'affaires, marié et père de trois fils, était connu pour son abord franc et sa gentillesse. Il a mis une partie de sa fortune au service d'activités philanthropiques, surtout au profit de la communauté juive du Canada ou d'ailleurs. Il fut notamment directeur du Conseil canadien des chrétiens et des juifs, ainsi que du Conseil canadien des affaires autochtones.Inlassable "leveur de fonds", il soutenait toutes sortes de causes, du financement d'un centre sportif en Israël à un centre de recherches médicales à Toronto.Anne Pélouas