Annonce e référendum italien sur la procréation assistée compromis par l'abstentionAu terme d'une campagne électorale passionnée, les Italiens se sont rendus aux urnes, dimanche 12 juin, pour se prononcer sur un assouplissement de la loi sur la procréation médicalement assistée, mais ce référendum risque d'être invalidé du fait d'une très forte abstention.Seuls 18,7 % des inscrits ont voté, dimanche, au premier jour de cette consultation. Les bureaux de vote sont encore ouverts lundi pour une demi-journée, avant de fermer définitivement à 15 heures. Les électeurs doivent répondre à quatre questions, portant sur les points de l'actuelle législation que les promoteurs de cette consultation d'initiative populaire souhaitent voir modifier : peut-on congeler les embryons et mener des recherches médicales sur ces derniers ? ; faut-il retirer de la loi la disposition qui accorde un statut à l'embryon ? ; le recours à un donneur extérieur au couple doit-il être autorisé lors de la fécondation in vitro ? ; et, enfin, les obligations de produire un maximum de trois embryons et de les implanter immédiatement dans l'utérus de la mère sans rechercher d'éventuelles maladies génétiques doivent-elles être maintenues ? L'avenir de la loi n° 40, l'une des plus restrictives d'Europe en la matière, dépend davantage du taux de participation que des bulletins déposés dans les urnes. En effet, la participation doit atteindre au moins 50 % pour que son résultat soit validé.C'est pourquoi les opposants à l'assouplissement de la législation, au premier rang desquels l'Eglise catholique, ont multiplié les appels à l'abstention. L'Italie a longtemps été considérée comme une sorte de zone de non-droit en matière de procréation assistée et l'on a pu y voir, dans les années 1990, une femme de 62 ans mener une grossesse à terme."SUR LA VIE, ON NE VOTE PAS" SELON L'ÉGLISE Depuis l'adoption de la loi en février 2004, le nombre de couples italiens stériles partis chercher une aide médicale à l'étranger a triplé alors que l'Italie a déjà l'un des taux de natalité les plus faibles d'Europe. A l'image des débats sur la légalisation du divorce en 1974 et de l'avortement en 1981, la campagne électorale a déchaîné les passions et dépassé les clivages politiques traditionnels. Malgré la prudence du président du Conseil, Silvio Berlusconi, Stefania Prestigiacomo, ministre de l'égalité des chances, a ainsi qualifié l'actuelle législation d'atteinte aux droits des femmes et elle en a réclamé l'abrogation partielle afin de favoriser la natalité. Le résultat du scrutin permettra également de mesurer le poids de l'Eglise catholique sur la société italienne. Les prêtres n'ont pas hésité à mener campagne auprès des fidèles jusque dans leurs sermons en martelant le slogan "Sur la vie, on ne vote pas".Le pape Benoît XVI, élu en avril, est lui-même intervenu pour la première fois dans le débat italien et il a félicité les évêques italiens qui ont tenté d'"éclairer le choix des catholiques".Ces prises de positions de l'Eglise font craindre, à certains partisans d'une modification de la loi, une éventuelle offensive des opposants à l'avortement en cas d'échec du référendum. "Qu'est-ce que les hommes politiques et les prêtres connaissent à mes ovaires ?", a ainsi interrogé l'actrice Monica Bellucci.
