Annonce Du sursis requis contre le déménageur d'usines Une peine de prison avec sursis ou une amende a été requise contre l'ex-directeur d'une usine Flodor, jugé mardi pour le déménagement en catimini de son usine en août 2003. Le jugement été mis en délibéré au 2 novembre. "Vous avez humilié les salariés, déshonoré la direction de l'entreprise, terni sa réputation et compromis l'avenir de l'usine." Le réquisitoire du procureur contre l'ex-directeur de l'usine Flodor de Péronne, dans la Somme, est sévère. Il faut dire que ses agissements avaient ému toute la région en août 2003. Il avait déménagé en catimini l'usine alors que les 200 salariés étaient en congé forcé pour une semaine au titre de la RTT. Devant le tribunal correctionnel de Péronne, le procureur a qualifié mardi Vilmo Maderi de "hors-la-loi" qui a commis un "hold-up sur l'âme de la société Flodor". Estimant qu'une peine de prison ferme "n'avait pas de signification", il a réclamé une peine de prison avec sursis, "mais pas la peine maximale" (un an et/ou une amende). L'entrepreneur, âgé de 56 ans, de nationalité italienne, comparaissait notamment pour les délits d' "entrave" au comité d'entreprise (CE) et au comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), et d' "obstacle" aux fonctions d'inspecteur du travail. "Acte de banditisme" Le prévenu, vêtu d'un costume bleu sombre à fines rayures, s'exprimant avec un très fort accent italien, a affirmé à la barre n'avoir "jamais pris une seule décision dans cette affaire". Pour expliquer l'absence d'information donnée au CE et au CHSCT quant au jour du déménagement, il a assuré n'avoir été prévenu que le 14 août par la direction d'Unichips. De même, il a dit que l'interdiction d'entrer sur le site faite aux élus du CE, du CHSCT et aux inspecteurs du travail, en plein déménagement, venait de la direction italienne d'Unichips et non pas de lui. Vilmo Maderi a admis avoir été présent sur le site quand les élus au CE et les inspecteurs ont été empêchés d'entrer le 20 août, mais affirmé n'avoir pas pu agir. "Vous ignoriez qu'il y avait des gendarmes, des inspecteurs du travail et des élus du CE qui attendaient à l'extérieur de l'usine", a demandé, surpris, le président Alain de Kermerchou. "C'est bizarre, mais c'est comme ça", a répondu l'ancien patron. "Vous êtes coupable de chacune des infractions" a estimé le procureur pour qui il ne s'agissait pas "du procès des délocalisations, des patrons-voyous ou du néolibéralisme, mais celui d'une conception perverse et dangereuse des relations sociales". Selon l'avocat des parties civiles, Me Amine Ghemin, Vilmo Maderi "était au courant de tout ce qui se passait. Ses explications ne sont pas sérieuses (...) Des opérations les plus ordinaires sont devenues un véritable acte de banditisme". Il a notamment réclamé 50.000 euros de dommages et intérêts pour le CE et un euro symbolique pour le CHSCT. "Jamais je n'ai été insulté comme je l'ai été par le procureur et la partie civile", a déclaré le prévenu à la barre à la fin de l'audience. Son avocat, Me Rémi-Perre Drai, a demandé la relaxe.