Annonce Douze sans-papiers ont été régularisés après 50 jours de grève de la faimLes douze sans-papiers qui observaient une grève de la faim depuis 50 jours à Paris - six Algériens, quatre Tunisiens, un Malien et un Marocain - vont tous obtenir un titre de séjour. Depuis le 17 mars, ces hommes n'absorbaient que de l'eau salée et du thé sucré enrichis de vitamines, selon les médecins qui les suivaient. Evacués le 19 avril des locaux parisiens de l'Unicef qu'ils occupaient, ils s'étaient réfugiés dans une annexe de la Bourse du travail."Maintenant, et pour la première fois, j'ai le sentiment d'exister en France. Avant, je n'existais pas", a commenté un Algérien de 38 ans, Kamel Harrache, debout devant les rangées de sacs de couchage. "Marié avec un enfant scolarisé depuis cinq ans en France", Kamel avait auparavant été "enseignant pendant neuf ans en Algérie"."En France, j'ai été contraint de travailler au noir, d'exercer un travail que je n'accepte pas", a-t-il raconté. "Ce type de lutte (la grève de la faim) c'est mon choix, c'est pour l'avenir de mon enfant", a-t-il ajouté. "Nous avons payé le prix fort pour vivre dignement".Amaigris, les grévistes de la faim semblaient trop faibles pour envisager de faire la fête. Vers 18H30, six avaient déjà été acheminés vers l'hôpital Raymond Poincaré à Garches (Hauts-de-Seine). Les six autres attendaient leur hospitalisation. "Ils doivent faire l'objet d'une surveillance étroite", a expliqué le docteur Elisabeth Maurel Arrighi. "L'état biologique de certains d'entre eux était devenu très dégradé".Mardi matin, les pompiers de Paris avaient évacué onze des douze grévistes de la faim de la Bourse du travail. Mais tous étaient revenus le jour même pour poursuivre le mouvement. Les grévistes de la faim étaient soutenus par de nombreux syndicats, associations et partis - unions départementales CGT, CFDT, CGT-FO, Solidaires, Mrap, LDH, Gisti, PCF, LCR, etc. - demandant la régularisation de tous les sans-papiers.Au total, 88 dossiers de demande de régularisation avaient été remis le 7 mars à la préfecture de Paris. Mardi, le préfet de police de Paris avait alors déploré que "des personnes et des organisations" aient aidé les grévistes de la faim à regagner la Bourse du travail : la "poursuite concertée" de grèves de la faim "pour faire pression sur l'Etat" en "mettant en danger la santé des personnes" constituent des "actes inacceptables", avait déclaré Pierre Mutz.
