Mort de Douglas Johnson

Mort Douglas Johnson, professeur britannique le professeur britannique Douglas Johnson, qui est mort à Londres le 28 avril à l'âge de 80 ans, était le médiateur culturel par excellence. Il aura passé toute sa vie à aider les Français à mieux comprendre l'Angleterre, et les Britanniques à mieux connaître les Français. Né le 19 février 1925 à Edimbourg, Douglas Johnson est marqué, dès son adolescence, par l'histoire française : il a 15 ans lorsque, entendant les discours du général de Gaulle à la BBC, il décide d'arborer l'insigne de la Croix de Lorraine. Premier élève étranger admis à l'Ecole normale supérieure en 1947, Douglas Johnson découvre la vie intellectuelle parisienne et y rencontre une"sévrienne" , Madeleine, qui deviendra sa femme. De 1949 à 1968, il enseigne à l'université de Birmingham, puis, de 1968 à 1990, il est professeur d'histoire française à l'université de Londres. Dans les années 1960, Douglas Johnson se passionne pour la politique du général de Gaulle, et son regard bienveillant mais lucide contraste avec celui de maints de ses compatriotes. Il prend d'ailleurs une part active aux Journées internationales à l'occasion du centenaire de Charles de Gaulle, en 1990. Cette fidélité, Douglas Johnson la manifeste de nouveau en 2000, lorsqu'il tient à marquer le 60e anniversaire de l'appel du 18 juin par la publication d'une brochure, composée de textes d'acteurs et d'historiens français et britanniques. Observant que les mémoires des deux pays divergent quand on évoque 1940, il note qu'il y a un moment où elles se réconcilient : c'est dans le souvenir lumineux du 18-Juin. Dans ce sens, explique-t-il, une commémoration, comme celle de l'Appel, n'est pas la simple résurrection d'un passé mort : elle révèle l'essentiel. Et pour Douglas Johnson, l'essentiel était que la France et la Grande-Bretagne voulaient survivre ensemble, combattre ensemble. LA POLITIQUE COMME LOISIR Parmi ses oeuvres, la première vraie biographie consacrée à Guizot, basée sur des archives françaises et britanniques, France and the Dreyfus Affair (1966), The Age of Illusion : Art and Politics in France 1919-1940, écrit en collaboration avec son épouse Madeleine, Michelet and the French Révolution (1990). Membre de la section britannique du Conseil franco-britannique, Douglas Johnson y est fort actif : il y dirige, avec François Bedarida et François Crouzet, Dix Siècles de relations franco-britanniques (1980) et, dès 2002, il défend l'opportunité de marquer en 2004 le centenaire de l'Entente cordiale. Ce sera l'ouvrage Cross Channel Currents (publié parallèlement en France, chez Odile Jacob, L'Entente cordiale dans le siècle). Douglas Johnson laisse le souvenir d'un admirable connaisseur de la France qu'illustrent bien les comptes-rendus d'ouvrages publiés en particulier dans le Times Literary Supplement. Dans sa notice du Who's who, à la rubrique "loisirs" (recreations), alors que d'autres mentionnent le jardinage ou les voyages, lui indiquait "politique française", qu'il suivait avec passion, grâce à sa lecture quotidienne du Monde. Douglas Johnson regardait la France comme on suit un spectacle à rebondissements. Le théâtre actuel de la campagne du référendum ne l'aurait assurément pas détrompé.