Médaille d'or pour Les USA : Athlétisme : 100 m messieurs. L'Américain Justin Gatlin est devenu le nouveau roi du sprint. 9''85: Justin time Paris était donc un intermède, un aimable répit dans les duels de gros bébés aux pectoraux taillés dans la fonte. A Athènes, trois balèzes ont trusté le podium dans l'une des finales les plus serrées de l'histoire des Jeux : en or Justin Gatlin, l'Américain qui établit en 9''85 la meilleure performance de la saison, Francis Obikwelu, le Portugais, et Greene, le vétéran qui fait son meilleur chrono en 2004. Powell, le jeune Jamaïquain (21 ans), décomplexé, devenu en une saison l'un des caïds du 100 m, ne termine que 5e de la course la plus attendue des JO. Adieu donc les langueurs élégantes d'un Kim Collins, sprinter cool, DJ à l'occasion, peintre amateur et charpentier à ses heures perdues. Les statistiques étaient contre le longiligne sprinter de Saint-Kitts-et-Nevis, qui n'avait jamais couru en dessous d'un 9''98 quand Powell a remporté le meeting de Londres, fin juillet, en 9''91, chrono identique à celui de Greene, victorieux à 30 ans des sélections américaines de Sacramento devant un couple de copains farceurs... Justin Gatlin, le tatoué, et Shawn Crawford, le comediante, 26 ans, relégué hier à la 4e place, tous deux élèves de Trevor Graham à Raleigh (Caroline-du-Nord). A Athènes, les trois Américains ont dominé le premier tour, puis des demi-finales moins rapides. Mais pas seuls : Powell comme Francis Obikwelu, le Portugais, s'étaient intercalés entre ces deux-là, et Greene. Samedi, Powell avait voulu marquer son aîné, «un modèle mais aussi l'homme à battre», en terminant presque au ralenti à un souffle de lui. Comme pour annoncer la couleur au «Vieux» : «Vois ce que je peux faire...» Il n'a pas réussi. La victoire de Gatlin ne doit pas être interprétée comme la preuve d'une suprématie toujours sans partage du sprint américain, affecté par les déboires de Tim Montgomery avec le scandale de la THG. Plus que jamais la Jamaïque se confirme comme le grand pôle alternatif avec une pléiade de finalistes, filles et garçons, dans presque tous les secteurs de la vitesse, avec et sans haies. Hier, ils étaient trois, uniquement dans les demi-finales du 100 m masculin. Par ailleurs, il faudra interpréter le retour de temps régulièrement en dessous des 10 secondes. A l'issue des Mondiaux 2003, les hautes autorités sportives françaises s'étaient félicitées des chronos élevés, les attribuant à la campagne antidopage. Est-ce à dire que les Grecs eux se seraient croisés les bras ? Avant le début des compétitions, ulcérés par l'affaire Kenteris, certains journaux locaux ont essayé d'allumer un contre-feu en activant une rumeur : une fuite précipitée de Maurice Greene du village olympique vers une base militaire US secrète en Crète. En réalité, avec une vingtaine d'autres athlètes de la délégation US, le champion olympique de Sydney participait à un stage tout à fait officiel. Greene n'avait pas besoin de ce déshonneur. Hier, il a perdu son pari le plus cher : rejoindre dans la légende son idole Carl Lewis, seul sprinter à avoir gagné deux titres olympiques.