Médaille d'or pour la France : Barres asymétriques dames Or : Emilie Le Pennec (Fra) Argent : Terin Humphrey (E-U) Bronze : Courtney Kupets (E-U) La Parisienne de 16 ans offre à la gym française la première médaille olympique de son histoire. De l'or. Le Pennec, asymétrie parfaite 'Olympic Hall n'en est pas encore revenu. Les Roumains, les Russes, les Chinois, les Américains, tous les cadors qui peuplent ce petit monde de la gym sont tombés de leur chaise lorsqu'ils ont vu Emilie Le Pennec, 16 ans, donner à la France la première médaille ­ d'or ­ de son histoire. Aux barres asymétriques, Emilie Le Pennec devance deux Américaines, Terin Humphrey et Courtney Kupets. Référence. Isabelle Severino, sa coéquipière revenue il y a quelques mois en équipe de France après avoir arrêté cinq ans, pleure à chaudes larmes. «C'est tellement beau pour elle, pour la gym, a déclaré celle qui a partagé ces derniers mois les entraînements de la nouvelle championne olympique. Cette première médaille, ce sport en avait bien besoin.» Le travail acharné de la Française, effectué souvent dans l'ombre, a eu aussi raison de la star russe Svetlana Korkhina, reine indétrônable depuis huit ans. A qui Emilie, comme toute fille faisant de la gym, rêvait de ressembler par sa classe et son talent. Emilie n'avait pas Nadia Comaneci (star des JO de Montréal) en référence mais Korkhina. Et elle vient de vivre son rêve. En douceur. La différence s'est faite sur un mouvement très spécial (une figure nommée Def, du nom du gymnaste français qui l'a inventée) de la petite Parisienne. «C'est un lâcher de barre assez périlleux qu'elle a réalisé magnifiquement», précise encore Severino qui, il y a quelques années, réalisait cette même figure. Ces derniers temps, Emilie avait tendance à chuter lorsqu'elle le tentait. Hier, son Def est passé en douceur. Des petits ratés chez les autres concurrentes vont lui permettre de rester en tête de quelques dixièmes de points. Son triomphe est d'avoir réussi 9,687 points sur son mouvement. Korkhina, elle, qui aurait tant voulu être la première gymnaste à remporter trois fois l'or sur un même appareil, termine dernière avec un médiocre 8,925. Emilie Le Pennec avait déjà battu son idole aux barres lors d'une étape de Coupe du monde en 2003. Voilà qu'elle récidive sans trembler dans la plus prestigieuse des compétitions. Modestie. Emilie, dont les parents se sont rencontrés à la gymnastique, ne lâche pas Yves Kieffer, l'entraîneur national. Ce dernier est bouleversé et ne réalise pas tout à fait ce qui vient d'arriver. «Nous avons fait un long bout de chemin ensemble. Des mois de dur travail, souffle Kieffer. Et nous sommes arrivés là, enfin.» Il la serre dans ses bras comme on le fait pour une enfant et pleure. Ce petit format d'un mètre cinquante vient de chambouler une hiérarchie mondiale impénétrable. Emilie reste modeste, comme la décrivent ses coéquipières. A l'annonce de son nom, elle lance un grand sourire juste avant de monter sur la plus haute marche du podium. Paillettes et Marseillaise. La fédération française ne s'attendait pas à tant d'honneur. Michel Boutard, le directeur technique national, n'en revient pas non plus : «Pour la gamine, c'est incroyable. Une médaille d'or à ses premiers Jeux. Il va falloir maintenant l'aider à gérer cette médiatisation. Pour nous, c'est la première médaille de l'histoire. Cela va rayonner un peu partout. Peut-être cela servira-t-il de déclic.»