Annonce Dopage. L'ex-recordman du monde du 100 mètres suspendu deux ans. Sprinter déchu, Montgomery tombe sur dénonciation Tim Montgomery n'aura plus jamais l'occasion de redevenir recordman du monde du 100 mètres. Suspecté de dopage, le compagnon de Marion Jones a été suspendu hier pour une période de deux ans, à dater du 6 juin 2005, par le tribunal arbitral du sport (TAS). Montgomery, 30 ans, ne pourra plus se targuer d'avoir été, deux ans et demi durant, l'homme le plus rapide du monde en 9''78, record établi en septembre 2002 à Charlety et effacé des tablettes par le Jamaïquain Asafa Powell le 14 juin dernier. Le TAS lui interdit désormais d'en faire mention : tous ses «résultats et récompenses obtenus depuis le 31 mars 2001 seront annulés». Sur le même sujet Marion Jones, en attente Autres preuves. Le sprinter et son avocat, Howard Jacobs, avaient saisi directement l'instance arbitrale de Lausanne au prétexte de l'acharnement et de la partialité de l'Agence antidopage américaine (Usada), qui leur avait notifié («charged letter») une violation potentielle des règles antidopage. La décision des sages constitue une première pour tous les acteurs de la lutte antidopage car Montgomery n'a jamais été contrôlé positif mais simplement soupçonné et dénoncé comme client de Balco (Bay Area Lab Cooperative), le laboratoire californien (Burlingame) qui fournissait des stéroïdes à de nombreux sportifs nord-américains. Le TAS pointe d'ailleurs la nouveauté de son jugement : «La particularité de ces affaires réside dans le fait qu'elles n'impliquent aucun test antidopage positif. Les charges retenues (...) étaient fondées sur d'autres types de preuves.» «The clear». Parmi celles-ci, le témoignage de Kelly White, autre dopée du sprint américain, semble avoir été décisif. Suspendue pour deux ans et privée, entre autres, de ses titres de championne du monde des 100 mètres et 200 mètres glanés à Paris en 2003, White s'est repentie et a accepté de collaborer avec l'Usada. Elle a admis s'être procuré des produits illicites auprès de Balco et de son PDG, Victor Conte, l'ancien bassiste de Tower of Power, un groupe rock san-franciscain des seventies. Mieux : «Mlle White a témoigné qu'à diverses occasions Tim Montgomery et Chryste Gaines [championne olympique du 4 x 100 mètres en 1996 à Atlanta, suspendue aussi pour deux ans hier] avaient confessé avoir fait usage d'une substance interdite fournie par le laboratoire Balco.» Montgomery lui-même l'a d'ailleurs admis dans une procédure qui aurait dû rester secrète. Devant un grand jury fédéral de San Francisco, il a reconnu la prise d'hormone de croissance quatre fois par mois pendant huit mois à partir de mai 2001 parallèlement à une cure de huit prises de «the clear», le nom de la THG, le stéroïde anabolisant qui a fait la triste réputation de Balco. Il s'agissait du projet «record du monde», réussi, piloté par Conte, Charlie Francis, ancien coach du superdopé canadien Ben Johnson, et Milos Sarcev, culturiste et «préparateur physique» d'origine yougoslave. Satisfait du jugement, Lamine Diack, le président de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), a remercié l'Usada pour sa contribution et appelé à une «coopération entre toutes les instances engagées dans cette lutte». Pour la Fédération française (FFA) : «Cela remet à niveau la compétition entre des athlètes propres et les tricheurs, indique Michel Marle, chargé de la lutte antidopage. Ceux-là savent maintenant qu'ils risquent de plus en plus d'être disqualifiés»...