Annonce Dopage : les "pots belges" de nouveau à la "une" Un "important réseau" de trafic de produits dopants et stupéfiants a été démantelé, mardi et mercredi, entre la France et la Belgique, avec l'interpellation de vingt-cinq personnes dans les deux pays, dont plusieurs en flagrant délit, a-t-on appris mercredi de source judiciaire. "Ce trafic semble malheureusement avoir concerné, parmi les trafiquants, des cyclistes de différents niveaux, allant d'amateurs à des semi-professionnels", a affirmé le vice-procureur de la juridiction interrégionale spécialisée de Bordeaux JIRS, Denis Chausserie-Laprée, lors d'un point presse tenu avec les responsables de la gendarmerie chargés de l'enquête. Le magistrat s'est refusé à donner la moindre identité parmi les interpellés. La police fédérale belge a de son côté publié un communiqué indiquant que "la personne-clé (du réseau) est un Belge de 62 ans (...) qui avait monté avec son fils un important commerce clandestin". Cet homme est actuellement détenu en France, selon la police belge. 93 flacons de 12 ml contenant des "pots belges" (mélanges de différents produits dopants, dont des amphétamines et de l'héroïne) ainsi qu'une somme de 10 350 euros, tous saisis mardi dans le Lot, ont été montrés à la presse. La JIRS a été saisie à l'automne dernier après que l'enquête eut révélé l'ampleur du trafic, et une coopération judiciaire et policière a été mise en place entre la Belgique, d'où venaient les produits dopants, et différents lieux de revente en France, dont le Lot. L'ABOUTISSEMENT D'UNE LONGUE ENQUÊTE L'enquête avait démarré en avril 2004 dans ce département à la suite d'une démarche auprès de la gendarmerie de la Fédération française de cyclisme, qui y avait contrôlé positif un coureur, a précisé le magistrat. Ce coureur avait accepté de donner "des informations" qui ont conduit, dans un premier temps, à l'ouverture d'une information par le juge d'instruction de Cahors. En septembre 2004, la gendarmerie avait mis en place une cellule d'enquête à Cahors, dédiée exclusivement à cette affaire, et composée de dix enquêteurs. "La plupart des consommateurs étaient obligés de procéder à des actes de revente pour pouvoir satisfaire leur dépendance ou leur passion du vélo", a précisé le magistrat, qui a estimé la durée du trafic à "plusieurs mois, voire plusieurs années." Cette enquête qui a mobilisé des moyens considérables, est l'aboutissement d'un long processus de coopération qui est notamment passé par la visite de magistrats et d'enquêteurs français en Belgique afin de coordonner les surveillances, a précisé M. Chausserie-Laprée. UNE COORDINATION EFFICACE Dans un communiqué, le ministre français de la jeunesse, des sports et de la vie associative, Jean-François Lamour, a justement salué "le travail de coordination et la culture d'échanges d'informations entre tous les services de l'Etat qui ont permis l'engagement de cette procédure judiciaire." L'opération de mardi a été décidée "pour profiter d'une énième livraison", a expliqué M. Chausserie-Laprée. Elle a permis des interpellations simultanées : six en Belgique, et six dans le Lot, sept dans les Bouches-du-Rhône, une en Gironde, et trois dans les Hautes-Pyrénées. Certaines ont eu lieu en flagrant délit, sur des échangeurs d'autoroutes de Cahors nord et sud. Deux interpellations supplémentaires ont eu lieu mercredi à Cahors et Marseille. Dans cette dernière ville et à Bordeaux, ont également été saisis 30 flacons vides, de l'érythropoïétine (EPO), des hormones de croissance et divers médicaments, a précisé la gendarmerie, qui a mobilisé un total de 80 personnes sur cette affaire. A l'issue de leur garde à vue, les personnes suspectées de ce trafic devraient être présentées au juge d'instruction Cécile Ramonatxo, en charge de l'affaire à Bordeaux. Avec AFP