Annonce Dominique de Villepin veut favoriser la mise en place du couvre-feu dans des banlieues Dominique de Villepin, venu présenter lundi soir sur TF1 ses "mesures d'urgence" après douze jours d'émeutes dans les banlieues, a qualifié ces violences d'"inacceptables et inexcusables". Il a promis que "la réponse de l'Etat sera ferme et juste". Le premier ministre a surtout annoncé qu'un couvre-feu serait instauré si nécessaire dans les quartiers sensibles, et le renforcement de certains dispositifs d'aide aux associations, ainsi qu'une politique volontariste dans trois domaines : éducation, chômage et logement. Il a précisé que les préfets pourront appliquer dès mercredi matin le couvre-feu dans leurs départements, une fois publié au Journal officiel le décret en ce sens que doit prendre le Conseil des ministres avancé à mardi. RENFORCEMENT DES EFFECTIFS POLICIERS Interrogé sur le déclenchement des violences – à savoir la mort de deux adolescents qui, se croyant poursuivis par la police, s'étaient réfugiés dans un transformateur électrique ; et le jet de bombes lacrymogènes devant la mosquée de Clichy-sous-Bois –, il a promis la "transparence" dans l'enquête, et affirmé qu'"à aucun moment, la mosquée n'a été visée" par les forces de l'ordre. Selon lui, "des réseaux criminels organisés appuient les désordres" dans les banlieues, mais ceux-ci sont aussi le fait de "jeunes en rupture sociale". Il en a appelé "à la responsabilité des parents pour que le calme puisse revenir". A la question "il n'y a pas la main des islamistes derrière tout ça ?", le premier ministre a répondu : "Je crois qu'aujourd'hui, ce n'est pas l'essentiel." Le chef du gouvernement a annoncé que le nombre des policiers et gendarmes serait porté de 8 000 à 9 500, à la suite de la décision prise en conseil de sécurité intérieure, "sous l'autorité du président de la République, avec le ministre d'Etat, ministre de l'intérieur", d'envoyer dans les banlieues 1 500 réservistes supplémentaires. Le premier ministre a annoncé que Jacques Chirac avait convoqué un conseil des ministres exceptionnel mardi matin en vue de l'application d'un couvre-feu "partout où c'est nécessaire", en mettant en œuvre les dispositions de la loi de 1955. "Les préfets pourront, sous l'autorité du ministre de l'intérieur, appliquer le couvre-feu s'ils l'estiment utile pour permettre un retour au calme et assurer la protection des habitants, a-t-il ajouté. Les préfets décideront à l'intérieur de ces territoires les quartiers les plus sensibles où ils jugent qu'une telle mesure doit être prise." Il a estimé prématuré de mobiliser l'armée, mais à propos de la création de comités de ville citoyenne, il a estimé que "tous ceux qui sont susceptibles d'apporter le calme font œuvre utile". DES SUBVENTIONS AUX ASSOCIATIONS Dominique de Villepin a aussi annoncé que son gouvernement allait "restaurer la contribution" financière aux associations, "abaissée" ces dernières années. Il a estimé qu'il fallait renforcer le pouvoir des maires, qui seraient les "grands orchestrateurs du dialogue" dans les quartiers sensibles. Le premier ministre a ensuite détaillé ses "trois grandes priorités". D'abord, l'éducation républicaine doit être au rendez-vous, a-t-il estimé, évoquant 15 000 enfants déscolarisés en France. Il a proposé l'apprentissage dès 14 ans, au lieu de 16 ans, "pour les enfants qui ont le plus de difficultés" scolaires, et "de multiplier par trois les bourses au mérite" et de créer des "internats d'excellence", et même que soit mis en place un accompagnement des élèves par les étudiants des grandes écoles. Concernant l'emploi, le premier ministre a noté que le chômage touche près de 40 % des jeunes de certains quartiers, et souhaité que les ANPE et missions locales pour l'emploi reçoivent les sans-emploi des zones urbaines sensibles, et leur propose en trois mois un emploi ou un stage. Au sujet du logement, il a rappelé les programmes en cours, et souhaité que les délais soient réduits à dix-huit mois. M. de Villepin a estimé que "nous ne pouvons pas passer sous silence les discriminations", et appelé chacun à faire un effort. En conclusion, il a rappelé que "la République, c'est des droits mais aussi des devoirs", et appelé à une "République fraternelle, accueillante, où chacun est respecté pour ce qu'il est". "Nous avons engagé avec le plan Borloo de rénovation urbaine un travail formidable", a-t-il affirmé, précisant qu'il s'agit de "détruire ou réhabiliter des immeubles, de détruire des barres, reconstruire des résidences plus humaines". Il a estimé que les délais pouvaient être "réduits" à 18 mois, et souhaité "intensifier, multiplier ce type d'action" . Le Premier ministre Dominique de Villepin a annoncé lundi sur TF1 qu'il voulait donner "un pouvoir de sanction propre" à la la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde). Cet organisme, créé par une loi du 31 décembre 2004 et installé le 23 juin par le président Jacques Chirac, n'a aujourd'hui pas de pouvoir de sanction mais a autorité pour demander de saisir un juge ou fournir des documents à la justice. Sa vocation est d'aider et de conseiller les personnes s'estimant victimes de discrimination, que celle-ci relève du racisme, de l'intolérance religieuse, du sexisme, de l'homophobie ou du rejet des handicaps. La Halde est présidée par l'ancien Pdg de Renault Louis Scwheitzer. CHANGER DE COMPORTEMENTS Il a appelé chacun à "changer de comportement et de regard" afin de mettre fin aux discriminations. "J'ai reçu un grande nombre de jeunes (...) Tous expriment la même souffrance, le sentiment d'être montrés du doigt, de ne pas avoir la même chance, d'être différents", a-t-il dit. "Il y a beaucoup d'initiatives au niveau de l'Etat, la création d'une Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité à laquelle nous voluons donner un pouvoir de sanction propre", a-t-il affirmé. "Il y a les entreprises qui se mobilisent à travers la charte de la diversité pour offrir des emplois à ces jeunes", a-t-il ajouté. "Mais c'est aussi la responsabilité de chacun, changer notre comportement, changer notre regard. Nous devons collectivement mesurer ce problème au sein de notre Nation", a souligné le chef de gouvernement. "Je le dis pour tous : la République, c'est des droits et c'est aussi des devoirs. Et quand on voit les images que nous voyons, ces devoirs ne sont pas respectés", a poursuivi le Premier ministre. "Tous ceux qui sont dans la République, quel que soit leur âge, ont des devoirs vis-à-vis de la Nation et de la République, une République fraternelle, qui veut rassembler, accueillante mais une République qui doit être respectée, où chacun, où l'autre doit être respecté pour ce qu'il est", a-t-il affirmé.