Grève Dominique de Villepin confronté à son premier coup de tabac socialLe premier ministre, Dominique de Villepin, est confronté, mardi 4 octobre, à sa première journée de manifestations et de grèves. Au moment où le front syndical se reforme, M. de Villepin se retrouve exposé : il fait sa rentrée au Parlement, mardi et mercredi, avec deux séances de questions au gouvernement, et jeudi soir, il inaugure la nouvelle émission politique de France 2 "A vous de jouer".Un appel de soutien des partis de gaucheQuatre partis de gauche et d'extrême gauche ont rendu public, le 1er octobre, un appel de soutien à la journée d'action du 4 octobre. Signée par le PS, le PCF, les Verts et la LCR mais pas par le PRG qui s'est retiré au dernier moment , la déclaration commune, aux accents très radicaux, dénonce "l'offensive libérale et répressive" du gouvernement jugée "à l'opposé des exigences populaires (...) du 29 mai", sa politique "sécuritaire de répression et de criminalisation syndicales" , son orientation fiscale "outrageusement favorable aux classes possédantes" et réclame "l'abrogation" du contrat nouvelles embauches. Après la tentative avortée d'un texte commun pour les 100 jours du gouvernement, c'est la première fois que ces partis se retrouvent pour une action depuis le référendum du 29 mai.Lundi, sur le port de Marseille, Marie-George Buffet (PCF), Olivier Besancenot (LCR), Jean-Luc Mélenchon (PS), Jean-Luc Bennahmias (Verts) et Arlette Laguiller (LO) devaient prendre la parole lors d'un meeting de soutien aux marins de la SNCM. Le député Bruno Le Roux devait y représenter le PS.[-] fermerNombreux arrêts de travailFlextronics annonce 503 licenciements en MayenneL'ensemble du mouvement syndical français est mobilisé "pour le développement de l'emploi et contre la précarité, pour l'amélioration du pouvoir d'achat et les droits individuels et collectifs des salariés" . Les cinq confédérations (CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC), l'UNSA, Solidaires et la FSU, ont été rejointes, entre autres, par les syndicats étudiants et lycéens, la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) ou encore la Confédération syndicale des familles. Elles ont reçu le soutien de l'ensemble des partis de gauche et d'extrême gauche.L'inquiétude sociale. Le conflit radical de la SNCM, l'annonce d'un bon millier de suppressions d'emplois par le groupe informatique Hewlett Packard pèsent sur un climat social rendu morose par les inquiétudes sur le pouvoir d'achat que viennent alimenter les nouvelles mesures d'économies programmées pour réduire le déficit de la Sécurité sociale ou la hausse des prix du carburant.Le malaise social, qui avait fortement influé sur le vote du 29 mai pour le référendum sur le traité constitutionnel européen, va s'exprimer, mardi, au travers de très nombreux arrêts de travail, tant dans le secteur public que privé, et par quelque 150 manifestations dans l'Hexagone. Les raisons de la grogne ne sont pas nouvelles et ont déjà donné lieu, cette année, à plusieurs journées de mobilisation interprofessionnelle, dont la dernière, le 10 mars, avait mis plus d'un million de personnes dans la rue.La mise en place du contrat nouvelles embauches (CNE) pour les entreprises de moins vingt salariés, assorti d'une période d'essai de deux ans, ou encore la non-prise en compte des salariés de moins de 26 ans dans le calcul des seuils sociaux ont irrité les syndicats. Selon eux, ces mesures "détricotent" le droit du travail.Le dossier Hewlett Packard, les menaces sur Sony et ST Microelectronics ont aussi révélé l'inquiétude grandissante des cadres. Ils pourraient, selon la CGC, rejoindre en nombre les manifestations de mardi.Le pari des syndicats. Tenus à l'écart de décisions importantes comme la création du CNE, confrontés au déficit du système de protection sociale (Sécurité sociale et Unedic), les syndicats veulent faire preuve de leur efficacité, en mettant des centaines de milliers de personnes dans la rue. Mais ils se retrouveraient alors confrontés à un nouveau défi : offrir des perspectives à ceux qui se seront mobilisés.Les attentes sont élevées : 74 % des Français expriment leur "sympathie" pour le mouvement de mardi, selon un sondage de l'institut CSA pour L'Humanité-La Nouvelle Vie ouvrière, réalisé le 28 septembre. Le crédit accordé aux syndicats semble avoir progressé, selon une enquête de l'IFOP réalisée les 29 et 30 septembre pourle Journal du dimanche du 2 octobre. Une majorité des 959 personnes interrogées, 57 %, déclarent faire confiance aux syndicats alors qu'elles n'étaient que 49 % en janvier 2004.Les marges de manœuvre. Le premier ministre, qui dit volontiers ne pas sous-estimer les attentes des Français, devra, à l'issue de la journée de mardi, faire non seulement œuvre de pédagogie mais aussi ouvrir de nouvelles pistes. Même si le gouvernement admet "que la question du pouvoir d'achat est un problème central" , comme le déclare Nicolas Sarkozy, lundi sur RTL, il semble difficile de s'engager sur des mesures concrètes : une revalorisation du smic ou l'augmentation des salaires dans la fonction publique sont a priori exclues.Le gouvernement qui, le 18 mars, avait affiché son intention de voir les négociations salariales dans les branches se redynamiser, ne peut guère s'appuyer sur des résultats concrets. Dans quatre des branches qui avaient été sommées d'engager des discussions salariales, "les négociations ne progressent pas" , reconnaissait le ministère de l'emploi vendredi, après une nouvelle réunion du groupe de travail réunissant syndicats et patronats.Sur l'emploi, si le chômage est orienté à la baisse, légère, il faut y voir surtout les effets du plan de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo, initié sous l'ère Raffarin, avec une multiplication des contrats aidés. Dans l'entourage du premier ministre, on assure que le gouvernement ne reculera pas sur les ordonnances du plan d'urgence pour l'emploi, celles-là même qui attisent la colère des syndicats.Le service minimum. En cas de forte mobilisation, le débat sur le service minimum pourrait revenir sur la table. Candidat à sa réélection en 2002, Jacques Chirac avait promis "la mise en place d'un service garanti" , en précisant qu'elle se ferait "par voie d'accord avec les syndicats". Le 29 septembre, M. de Villepin a semblé écarter une loi. Mais sa majorité s'accroche. Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, menace déjà : "S'il y a une privation de liberté" le 4 octobre, dans les transports publics, "nous en débattrons et nous légiférerons". Sur RTL, lundi matin, Nicolas Sarkozy a affirmé ne pas douter qu'une loi soit prochainement déposée : "Les jours de grève, il faut qu'il y ait un service minimum." La veille sur Radio J, le président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, avait estimé "qu'il [allait] falloir trouver une solution par la loi". Une menace à laquelle le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a répondu dimanche au Grand Jury RTL-Le Figaro -LCI : "Que la majorité actuelle le fasse immédiatement, cela nous promet de beaux jours !"
