Condamnation Dix-huit mois de prison avec sursis requis contre Pierre BédierPour la procureure Marie-Christine Daubigny, Pierre Bédier, ancien secrétaire d'Etat au programme immobilier de la justice, député (UMP) des Yvelines, Jacques Masdeu-Arus, également député (UMP) et maire de Poissy (Yvelines), Gilles Forray, maire adjoint de cette ville, et Jean-Pierre Pécriaux, expert-comptable, doivent être reconnus coupables de "recel d'abus de biens sociaux" et de "corruption passive".Mardi 24 octobre, au terme d'un réquisitoire de trois heures, la procureure a demandé 18 mois de prison avec sursis, 80 000 euros d'amende, assortis d'une peine complémentaire de trois ans de privation de droits civiques, contre Pierre Bédier.Elle a demandé deux ans avec sursis, 200 000 euros d'amende et cinq ans de privation de droits civiques contre Jacques Masdeu-Arus ; trois ans avec sursis, 150 000 euros d'amende et cinq ans de privation de droits civiques contre Gilles Forray, et dix mois avec sursis et 50 000 euros d'amende contre Jean-Pierre Pécriaux."SEIGNEURS EN LEUR FIEF"Les trois élus, qui comparaissent depuis le 25 septembre devant le tribunal correctionnel de Paris, sont soupçonnés d'avoir touché des versements en espèces de la main d'un entrepreneur, Michel Delfau, mort en juillet 2003, en échange du marché de nettoyage dans les villes de Mantes-la-Jolie, dont M. Bédier fut maire de 1995 à 2002, et de Poissy."C'est de l'argent volé aux administrés, dont vous avez bafoué la confiance", a déclaré Mme Daubigny à l'adresse de M. Bédier, qu'elle a jugé "indigne d'exercer des fonctions publiques et des responsabilités politiques". Selon la représentante du ministère public, M. Bédier et ses deux compagnons politiques se sont comportés "comme trois seigneurs en leur fief".Elle a fustigé la déposition de M. Bédier, qui, la veille, avait instruit, devant le tribunal, le procès de ses accusatrices, mettant en doute la véracité de leurs déclarations (Le Monde du 24 octobre). "Pourquoi M. Bédier, qui prétend que les témoins mentent, ne les a-t-il pas fait citer à l'audience ?", s'est-elle écriée.Citant un à un les quatre prévenus, Mme Daubigny a interrogé : untel est-il corrompu ? Quatre fois elle a répondu : oui. Elle a épluché les comptes bancaires de la famille Bédier et a constaté que les retraits d'espèces diminuaient après les rendez-vous avec Michel Delfau."En juin 2001, vous avez retiré 2 000 francs pour tout le mois, et, en septembre de la même année, 500 francs pour subvenir aux besoins de quatre enfants et de deux adultes", a-t-elle relevé, circonspecte. En revanche, elle ne doute pas des témoignages à charge contre M. Bédier : "Ils sont précis et concordants." Mme Daubigny estime qu'il existe "un faisceau d'indices suffisant" pour condamner l'actuel président du conseil général des Yvelines.
