Annonce Dix-huit investisseurs candidats à la reprise des autoroutes françaisesDix-huit investisseurs français et étrangers, soit plus qu'attendu, se sont portés candidats pour la reprise des trois sociétés d'autoroutes françaises mises en vente par l'Etat, a annoncé le ministère des finances lundi 22 août au soir. Le gouvernement, qui s'est félicité du nombre "élevé" de candidats, n'a donné aucune autre précision sur leur identité et le montant de leurs offres, fidèle à sa ligne de discrétion destinée à garder la maîtrise d'une vente qui devrait lui rapporter plus de 10 milliards d'euros.Les prétendants à la reprise des Autoroutes du sud de la France (ASF), de la Société des autoroutes du nord et de l'est de la France (Sanef) et d'Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR) devaient remettre leur offre à Bercy lundi à 18 heures au plus tard. L'Etat, qui doit maintenant faire sa sélection dans le cadre d'un processus qui doit s'achever à l'automne, va demander aux candidats de formuler des offres fermes.INVESTISSEURS ÉTRANGERSJusqu'à présent, au moins deux groupes français (Vinci, Eiffage), quatre groupes espagnols (Abertis, Cintra, Itinere et Fomento de Construcciones y Contratas (FCC), un groupe italien (Autostrade) et un fonds d'investissement australien (Macquarie Infrastructure Group), étaient donnés comme candidats. De source proche du dossier, on indique qu'Autostrade se serait associé à la Caisse des dépôts et à un consortium d'investisseurs institutionnels français composé de plusieurs compagnies d'assurance – branche assurance-vie du Crédit agricole, assureurs Axa et AGF – pour la reprise d'APRR, afin de contrer Eiffage. Le retrait du groupe français Bouygues à la fin juillet, qui n'a finalement pas voulu participer à ces privatisations, a créé un appel d'air en faveur des groupes étrangers. A l'instar de l'espagnol Abertis et de l'italien Autostrade, le capital de toutes les grandes sociétés européennes d'autoroutes est privé."L'appel d'offre est très ouvert, et en même temps il est verrouillé, le gouvernement peut l'arrêter à n'importe quel moment", note un observateur. Dans un entretien au quotidien Les Echos, dans son édition du mardi 23 août, le président de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, Patrick Ollier (UMP), affirme "ne pas voir d'obstacle à la présence d'étrangers minoritaires" dans le capital des sociétés françaises d'autoroutes. Le député UMP de la Drôme, Hervé Mariton, féroce partisan de la privatisation, a déclaré qu'il souhaitait que "les tours de table aient un accent le plus français possible", tout en ajoutant qu'on ne pouvait "ériger une muraille" pour contrer des repreneurs étrangers dans le cadre "du jeu communautaire".VIVES CRITIQUES DE L'UDFSur le plan politique, la privatisation des sociétés d'autoroutes continue de faire des vagues. Après l'offensive menée par le leader de l'UDF François Bayrou, suivie des critiques socialistes, deux membres de l'UMP, Nicolas Dupont-Aignan et le président du Parti radical (associé à l'UMP) André Rossinot, ont demandé lundi que le gouvernement renonce à ces privatisations. Le député UDF Maurice Leroy a estimé, mardi matin, lors d'un entretien sur France 2, qu'après "les soldes de l'été", le premier ministre Dominique de Villepin lançait "la grande braderie de la rentrée des bijoux de famille de l'Etat" en privatisant les autoroutes. "Je ne suis pas surpris qu'il y ait beaucoup de candidats, notamment espagnols ou étrangers, pour la reprise des autoroutes, parce qu'effectivement ça va être très juteux", a ajouté M. Leroy. "Onze milliards d'euros, cela fait 1 % de la dette, et je fais un pari (...) : on en reparlera et on verra que malheureusement cet argent n'ira pas à l'endettement, il servira à faire du clientélisme électoral dans le cadre de la loi de finances", a affirmé M. Leroy."On va flamber trois mois, quatre mois, qu'est-ce qu'on va brader derrière?", s'est-il interrogé. "L'UDF demande solennellement à Dominique de Villepin de revenir sur cette décision", a-t-il indiqué.
