Annonce Dix ans d'emprisonnement requis contre Djamel Beghal Djamel Beghal avait été arrêté le 28 juillet 2001 aux Emirats arabes unis, à l'aéroport de Dubaï, avant son retour en France après son séjour dans la zone pakistano-afghane. Aux enquêteurs émiratis, il aurait affirmé avoir reçu d'Abou Zoubeida, l'un des lieutenants de Ben Laden, l'ordre d'organiser un groupe pour commettre un attentat contre l'ambassade des Etats-Unis à Paris. Une peine de dix ans d'emprisonnement, le maximum légal, a été requise, mercredi 9 février, contre le Franco-Algérien Djamel Beghal, présenté par l'accusation comme un "cadre" des camps d'Al-Qaida en Afghanistan, devant le tribunal correctionnel de Paris qui juge cet homme et cinq complices pour "association de malfaiteurs à finalité terroriste". La même peine de dix ans a été requise contre Kamel Daoudi, Algérien âgé de 30 ans. Le procureur a demandé huit ans contre Nabil Bounour et Abdelkrim Lefkir, six ans contre Rachid Benmessahel et cinq ans contre Johan Bonte. Tous sont soupçonnés d'avoir voulu commettre un attentat contre les intérêts américains en France en 2002. Mais aucun fait préparatoire précis ne leur est reproché. Au terme de six heures de réquisitoire, le procureur Christophe Teissier a également demandé que les peines de huit et dix ans soient assorties d'une période de sûreté des deux tiers, ainsi que d'une interdiction de dix ans des droits civiques, civils et de famille pour les trois prévenus français et une interdiction définitive du territoire français pour les trois de nationalité étrangère. Tout en le présentant comme "un cadre", une "personnalité importante" des camps, le magistrat n'a cependant pas affirmé que Beghal était membre de l'organisation terroriste d'Oussama Ben Laden. "Peu importe d'ailleurs qu'il soit membre ou non d'Al-Qaida, mais à l'évidence, il est totalement inféodé à ce mode de pensée", a-t-il soutenu. L'accusation a également souligné à quel point Beghal avait "tenté de minimiser l'importance de son passage en Afghanistan", car "toutes les décisions de commettre des attentats au nom d'Al-Qaida ont été prises là-bas". Dans son box, Beghal, 39 ans, barbe et cheveux courts très noirs, sourit puis rit ostensiblement au portrait de lui dressé par l'accusation. Il a été arrêté le 28 juillet 2001 aux Emirats arabes unis, à l'aéroport de Dubaï, avant son retour en France suite à son séjour dans la zone pakistano-afghane. Aux enquêteurs émiratis, il aurait affirmé avoir reçu d'Abou Zoubeida, l'un des lieutenants de Ben Laden, l'ordre d'organiser un groupe pour commettre un attentat avec une voiture-suicide contre l'ambassade des Etats-Unis à Paris. "EUROPÉANISATION" DU TERRORISME Extradé vers la France quelques semaines après le 11-Septembre, Beghal était alors revenu sur ses déclarations. Il a affirmé à l'audience avoir été torturé par les enquêteurs des Emirats et avoir seulement répété un scénario qu'ils avaient eux-mêmes établi. Cependant le procureur a souligné que plusieurs éléments factuels, mais aussi des déclarations de son épouse et de celle d'un autre islamiste, Nizar Trabelsi, confortaient la première déposition de Beghal. "Mon sentiment profond est que cette affaire est révélatrice d'une européanisation des groupes terroristes", a également confié le représentant de l'accusation, listant les relations des six hommes avec des islamistes déjà condamnés en Europe pour terrorisme. Le procureur a notamment cité Jérôme Courtailler, condamné en juillet 2004 à 6 ans d'emprisonnement (la peine maximale) par la cour d'appel de Rotterdam (Pays-Bas) et Nizar Trabelsi, condamné à 10 ans (la peine maximale) en Belgique. Selon les enquêteurs, Trabelsi devait se trouver au volant de la voiture-suicide. L'accusation a également rappelé les séjours de Beghal et de son principal co-accusé, Kamel Daoudi, en Grande-Bretagne, cité les liens avec "le groupe de Francfort", un groupe d'islamistes récemment condamné en France, mais aussi avec des malfaiteurs installés en Espagne.