Procès Disparus de Mourmelon : les familles indemnisées Le tribunal de grande instance de Paris a estimé mercredi que la lenteur et les défaillances de la justice ont été préjudiciables aux familles des victimes du principal suspect Pierre Chanal. Ce dernier s'est suicidé avant son procès. Chacun des proches des disparus recevra 25 000 euros. La justice a traîné. Elle a commis "une faute lourde" dans l'affaire dite des "disparus de Mourmelon". Et ces atermoiements "ont retardé et finalement empêché - du fait du suicide de Pierre Chanal - la comparution de ce dernier devant ses juges". Mercredi, le tribunal de grande instance de Paris s'est montré intraitable envers les déficiences de l'appareil judiciaire et a condamné l'Etat à indemniser les 36 membres des familles des assassinés et disparus à hauteur de 25 000 euros chacun. Le suicide du principal suspect, Pierre Chanal, ont rendu impossible la tenue du procès de telle sorte, a déploré le tribunal, que "demeurent inconnues les circonstances de l'enlèvement et du décès de plusieurs victimes". Cette série d'erreurs, a ajouté le jugement, "traduit l'inaptitude du service public de la justice à remplir la mission dont il est investi". "Des pièces de procédure et des scellés ont été égarés, rappelle le tribunal, et ce n'est qu'en 1999 qu'une recherche ADN, finalement décisive, a été faite sur une pièce à conviction".900 000 eurosCertaines des victimes de l'ex-adjudant, elles-mêmes militaires, ont été accusées de désertion. La justice et l'armée ont poussé leur sordide méprise jusqu'à infliger aux familles des amendes et à engager des procédures. Au total, l'ardoise de l'Etat sera de 900 000 euros, à verser immédiatement même en cas d'appel du Trésor. Mais les magistrats, eux, échappent aux sanctions, car ils ne peuvent, sauf infraction pénale ou faute disciplinaire, répondre des erreurs commises dans l'exercice de leurs fonctions.Cette procédure en réparation avait été lancée en juin 2002 par Eroline O'Keefe, mère d'un jeune auto-stoppeur irlandais mort étranglé dont le cadavre avait été découvert en août 1987. L'ensemble des familles des autres disparus s'était joint à cette procédure. L'ex-adjudant Chanal avait été renvoyé devant les assises de la Marne pour les meurtres présumés de trois des huit disparus de Mourmelon mais avait mis fin à son procès en se suicidant le 15 octobre 2003, après une première journée d'audience.
