Annonce Disparitions des dossiers fiscaux : un fonctionnaire avoue une maladresse Un employé du centre des impôts du 6e arrondissement de Paris a reconnu mercredi 16 mars devant les enquêteurs de la brigade criminelle avoir agi "par inadvertance". Fin décembre, il a passé "au pilon" certains dossiers fiscaux, dont ceux d'Hervé Gaymard, de Claude Chirac, de Laurent Fabius, de Lionel Jospin, de Claudie Haigneré et de Bertrand Delanoë. Un inspecteur des impôts a été confondu mercredi 16 mars dans la disparition de dossiers fiscaux de plusieurs personnalités politiques, qui avait provoqué une tornade politique, mais il a indiqué avoir agi "par inadvertance" et "maladresse". L'homme, dont l'identité n'a pas été révélée, n'a pas été déféré devant la justice, a-t-on appris de source policière mercredi soir. Il risque, en l'état des investigations, de lourdes "sanctions internes" eu égard aux retombées politiques déclenchées par sa "maladresse", selon les termes de la police. Les dossiers de déclarations fiscales de l'ancien ministre des finances Hervé Gaymard, de Claude Chirac, conseillère à l'Elysée et fille du président, des anciens premiers ministres socialistes Laurent Fabius et Lionel Jospin et de la ministre déléguée aux affaires européennes, Claudie Haigneré, avaient notamment disparu tout comme celui du maire de Paris, Bertrand Delanoë. LOURDES SANCTIONS INTERNES Cette affaire avait suscité une vive émotion dans les milieux politiques, rappelant à certains les pires "coups tordus" de la Ve République. Elle a surgi également peu de temps après la démission de M. Gaymard de Bercy et deux ans avant l'échéance présidentielle alimentant toutes les rumeurs et hypothèses. Mais, si la thèse policière se confirme, l'affaire n'en était pas une. "Bien noté" par sa hiérarchie, l'employé suspect a reconnu devant les policiers de la brigade criminelle avoir agi "par inadvertance". Il dit avoir passé "au pilon" un certain nombre de dossiers fiscaux fin décembre, dont ceux de personnalités politiques, selon la même source. Il a ensuite décidé de garder le silence, "même et y compris lorsque le scandale a éclaté", par "peur des retombées", toujours selon la même source. Il a été confondu mardi 15 mars par les policiers qui ont procédé sur place à une reconstitution des faits, ce qui est classique dans ce genre d'enquête, a-t-on ajouté de même source. La police criminelle avait relevé qu'une "certaine confusion" régnait parfois dans ce centre du 6e arrondissement, place Saint-Sulpice, et s'est attachée à comprendre comment il fonctionnait. Elle a entendu une grande partie des 600 employés du centre ciblant ses investigations sur le petit nombre - quatre à six - ayant accès aux coffres-forts où étaient enfermés ces dossiers sensibles. L'inspecteur en faisait partie et a été entendu dès le début des investigations, sans résultat. Mardi, la police l'a reconvoqué dans ses locaux et "il a craqué" et "paniqué", "conscient de la gravité de son geste et de son attitude", selon la même source. INTERROGÉ PAR LA POLICE, LE FONCTIONNAIRE "A CRAQUÉ" Le premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, s'était dit dimanche "particulièrement choqué" de la disparition de ces dossiers de déclarations. Plainte avait été déposée pour ces faits par le nouveau ministre des finances, Thierry Breton, le 5 mars après une enquête interne à Bercy qui n'avait rien donné. Le parquet de Paris avait ouvert peu après une enquête préliminaire pour "disparitions de documents" qui avait été confiée à la brigade criminelle. Jeudi 17 mars, le ministre délégué à l'industrie, Patrick Devedjian, a qualifié l'affaire de "grand désordre". "En réalité, les vieilles déclarations d'impôt, c'est-à-dire quand la prescription est acquise, au-delà de quatre ans, finissent au pilon", a-t-il expliqué sur France 2. "Il était un peu en avance, celui-là", a-t-il ajouté au sujet de l'inspecteur des impôts.