Ouverture Disneyland, ses manèges, sa soupe de requins... Disneyland Hong Kong, qui ouvrira en septembre, proposera aux visiteurs de la soupe aux ailerons de requins. Colère des organisations écologistes, qui dénoncent la menace pesant sur le prédateur marin. Mis en ligne le 16 juin 2005   Walt Disney a rendu sympathiques auprès des millions de spectateurs du monde entier de nombreuses espèces animales à poils, plumes ou écailles. Le Monde de Nemo a même suscité un vaste élan de sympathie pour la faune marine et pourtant, le groupe de divertissement américain suscite la colère des défenseurs de l'environnement pour l'intérêt particulier qu'il porte au requin. Ou plus exactement à leurs ailerons, qui seront consommés en soupe dans le Disneyland de Hong Kong, dont l'ouverture est prévue pour le 12 septembre prochain. Plusieurs ONG ont vivement condamné cette décision. "Disney devrait avoir conscience que les requins s'approchent rapidement du niveau de la surexploitation", a souligné Eric Bohm, déclaré le porte-parole du Fonds mondial pour la nature (WWF). En dépit du tollé suscité, le groupe américain a indiqué que ce plat prisé par la clientèle asiatique resterait au menu des restaurants de son parc. "Si les clients insistent, nous leur en servirons mais avec un dépliant les informant sur la manière dont on récupère les ailerons de requin", a expliqué Irene Chan, porte-parole du parc. "Ce sera écrit d'une manière appropriée mais ça expliquera l'impact environnemental de la pêche", a-t-elle ajouté, précisant que le dépliant est en cours d'élaboration avec la collaboration du groupe local de défense des animaux Green Power. "Il expliquera l'importance des requins pour l'écologie marine et la manière cruelle avec laquelle ils sont tués", a expliqué pour sa part le porte-parole de l'association, Cheng Luk-ki. Eric Bohm dénonce une initiative "insensible" et "hypocrite" : "Pour Disney, offrir des dépliants à ceux qui commanderont une soupe aux ailerons de requins, afin d'en expliquer l'impact environnemental,  peut être comparé à une pharmacie qui vendrait des produits à base de cornes de rhinocéros et qui dirait : 'Nous aimerions souligner que le rhinocéros est une espèce menacée mais c'est à vous de décider'". "Ralentir" la pêche "Toutes les grandes espèces de requins sont en déclin", confirme à tf1.fr Bernard Séret, ichtyologiste à l'IRD et spécialiste des requins. "La pêche artisanale menace les requins côtiers tandis que la pêche industrielle, qui ne cible pas spécifiquement les requins, capture des requins du large tels le "peau bleue" et le requin soyeux", précise le scientifique. La FAO, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, a lancé en 1999 un plan d'action pour la conservation et la gestion des populations de requins. "Actuellement, les plans d'action se multiplient dans le monde, en Méditerranée, en Australie, aux Seychelles…", indique Bernard Séret. L'objectif n'est pas d'interdire la soupe d'ailerons de requins, précise-t-il, mais de ne plus pêcher les requins pour leurs seuls ailerons et notamment, d'interdire le "finning", pratique qui consiste à découper les ailerons sur un requin vivant. "En incitant à une meilleure utilisation de la carcasse, on provoquera un ralentissement de la pêche aux requins car les pêcheurs ne veulent pas encombrer leurs cales avec des requins", pointe le spécialiste. Résultat : moins de requins seront pêchés, plus leur prix augmentera… et la soupe aux ailerons de requins redeviendra un met de luxe, réservé à quelques privilégiés. photo : DR