Attaque Deux soldats de Tsahal ont été tués et un autre pris en otage par un commando. Raid palestinien meurtrier en territoire israélien Jamais les groupes armés palestiniens n'avaient monté une opération d'une telle ampleur en Israël à partir de la bande de Gaza. «Dimanche, à 5 h 30, sept terroristes appartenant à différentes organisations ont franchi la barrière de sécurité en utilisant un tunnel creusé depuis les faubourgs de Rafah pour s'infiltrer à proximité du kibboutz de Kerem Shalom, a raconté un porte-parole de Tsahal, ils se sont alors divisés en trois groupes. Le premier a attaqué un transport de troupe blindé au lance-roquettes. Le véhicule a été détruit. Il était vide, il n'y a pas eu de victimes. Le second a pris d'assaut une tour d'observation. Deux de nos soldats ont été blessés et deux terroristes ont été tués. Le troisième a lancé deux grenades à l'intérieur d'un char. Deux soldats ont été tués et un soldat a été blessé. Un de nos hommes est porté disparu.» Les assaillants ont réussi à prendre la fuite, ouvrant une brèche dans la clôture de sécurité et emmenant avec eux le soldat blessé. Cette attaque spectaculaire contre des positions de l'armée et la prise d'un otage, ont provoqué de vives réactions en Israël. Brève incursion. «Pour autant que nous le sachions, le soldat est vivant», a déclaré le chef d'état-major, le général Dan Haloutz, qui s'est rendu sur place pour prévenir qu'il tenait «le Hamas responsable de son sort». Le Premier ministre a solennellement réitéré cette menace. «L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas et le gouvernement sont responsables de ce grave incident, avec tout ce que cela implique», a prévenu Ehud Olmert qui a convoqué un conseil des ministres à Jérusalem. «Ce qui s'est passé ce matin est très grave. Nous liquiderons tous ceux qui sont impliqués dans le terrorisme et peu importe leur appartenance à tel ou tel mouvement.» Le commandant de la zone de Gaza, le général Aviv Kochavi, a mis ses troupes en alerte. Une unité de sapeurs appuyée par deux chars et des hélicoptères a fait une brève incursion en territoire palestinien pour détruire le tunnel utilisé pour l'attaque. L'armée se tient prête pour une opération de grande envergure. Mahmoud Abbas a convoqué à Gaza les chefs des groupes impliqués dans l'assaut sur Kerem Shalom pour leur dire que Tsahal envisageait d'intervenir si le soldat détenu n'était pas relâché. «Nous avons toujours mis en garde contre le danger que certaines factions sortent du consensus national et montent des opérations qui coûteront au peuple palestinien de nombreux sacrifices», a souligné le Président, dénonçant l'assaut du matin comme «une violation des engagements pris» lors des pourparlers en cours avec les mouvements palestiniens pour élaborer la plate-forme politique qui permettrait de former un gouvernement d'union nationale. L'un des points de ce consensus est l'arrêt des attentats en Israël, clause rejetée par plusieurs responsables islamistes. «Notre branche armée ne s'est pas engagée sur ce point particulier», a assuré hier Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas à Gaza. Certains commandants, au sein même du Fatah, estiment que cette condition a été remplie par le commando de Kerem Shalom car leur objectif militaire était une cible "légitime". Pour Abou Abir, porte-parole des Comités de résistance populaire, qui ont coordonné l'opération avec les brigades Ezzedine al-Qassam et l'Armée islamique, une scission de la milice du Hamas, «cette action était un message clair aux ennemis : ils doivent tenir les civils loin de leurs balles et circonscrire la bataille entre les héros de la résistance et leurs soldats». Bavures successives. Depuis trois semaines, les groupes armés se sont lancés dans une surenchère qu'ils justifient par trois bavures successives de l'armée israélienne. Pas moins de 14 civils, dont plusieurs enfants, ont été tués par les éclats de missiles visant des véhicules transportant les roquettes que les miliciens tirent sur Israël. Si l'émotion causée par ce carnage est bien réelle, il semble toutefois que la décision des brigades Ezzedine al-Qassam de rompre la trêve, respectée depuis 18 mois, soit la conséquence d'une décision interne antérieure. La branche armée du Hamas a subi plusieurs défections après la formation du cabinet et certains de ses commandants seraient opposés au projet de compromis que le Premier ministre Ismaïl Haniyeh négocie avec Mahmoud Abbas. L'opération d'hier avait d'ailleurs été préparée depuis de longs mois. En la déclenchant au matin d'un rendez-vous crucial entre les deux hommes, les miliciens leur ont clairement fait savoir qu'ils devraient compter avec eux. Hier soir, le vice-Premier ministre Nasser Shaher, issu du Hamas, exigeait «la libération immédiate» du soldat israélien «Ses ravisseurs doivent veiller à sa santé et à sa vie», ajoutait-il depuis la Cisjordanie.