Scandale Deux scandales ébranlent l'Allemagne du sport et de la politique Les affaires concernent des matches de football arrangés et un trafic de visas. Berlin de notre correspondant En dépit d'une actualité multiple, les Allemands n'avaient, en cette fin de semaine, d'intérêt que pour un seul sujet : les matches de football truqués. Depuis que, jeudi 27 janvier, un arbitre de la Fédération allemande du football, Robert Hoyzer, a avoué avoir arrangé, de mèche avec une "mafia croate", quatre matches, l'Allemagne ne parle plus que football (Le Monde du 29 janvier). Invités à donner leur avis, les dirigeants politiques, qui connaissent leur électorat et sa passion pour le ballon rond, stigmatisent et s'indignent ; les journaux multiplient reportages, éditoriaux et caricatures. A moins de dix-huit mois de la Coupe du monde de football, événement dont l'Allemagne espère tirer gloire et profit, tous supputent les conséquences de l'affaire sur la réputation du pays. Celui par qui le scandale est arrivé, Robert Hoyzer, a publiquement avoué avoir reçu de l'argent pour faire gagner au moins quatre improbables équipes, permettant ainsi à des parieurs bien informés - dont lui-même - de toucher des gains importants. Mais, apparemment, l'arbitre marron en a dit un peu plus aux enquêteurs. Vendredi 28 janvier, la police de Berlin a effectué des perquisitions dans deux appartements, un bureau et un café du centre de Berlin fréquenté par le milieu footballistique. Un mandat de dépôt a été émis, samedi, à l'encontre de trois des quatre personnes interpellées à cette occasion. FOLLES RUMEURS Depuis, les stades bruissent de folles rumeurs. Lundi, le quotidien Süddeutsche Zeitung croyait savoir que Robert Hoyzer aurait mis en cause huit autres joueurs et trois arbitres. Vigilante à limiter les risques, la Fédération allemande de football, à la dernière minute, a réassigné vers d'autres matches tous les arbitres qui devaient officier samedi. "Des mesures de précaution", annonce-t-elle, mais qui confortent le sentiment que, décidément, le milieu du football est bien malade. Plus discrètement, mais peut-être tout aussi dévastateur à terme, enfle entre-temps un autre scandale : celui des visas généreusement délivrés par plusieurs ambassades allemandes. L'opposition chrétienne-démocrate, qui a pris l'affaire à bras-le-corps, s'en sert pour attaquer un député écologiste, Ludger Volmer, qu'elle soupçonne de corruption. Mais, derrière, c'est le ministre des affaires étrangères, Joschka Fischer, qui est d'abord visé. Membre fondateur des Verts et ancien ministre d'Etat aux affaires étrangères, nommé par Joschka Fischer, Ludger Volmer est à l'origine d'un décret qui, en 2000, a simplifié l'octroi des visas pour les "touristes" en provenance de Tirana, Tripoli, Colombo et Kiev. Rapidement, des bandes de passeurs ont mis à profit le nouveau dispositif, vendant à prix d'or les documents falsifiés, qui permettaient, ensuite, d'obtenir un visa, vraisemblablement grâce à la complaisance d'agents consulaires. L'affaire a finalement suscité la formation d'une commission d'enquête parlementaire, organisme qui n'a pas ménagé ses critiques à l'égard de l'ancien ministre d'Etat, Ludger Volmer, aujourd'hui redevenu simple député. Elle vient de rebondir avec les révélations du magazine Stern, assurant que l'Imprimerie fédérale, société spécialisée dans l'impression de documents de voyage et de passeports retrouvés dans les visas litigieux, aurait versé quelque 400 000 euros d'honoraires à deux sociétés de relations publiques dont Ludger Volmer est, ou a été, le conseiller. La commission d'enquête devrait entendre le député dans le courant du mois de février.