Changement Deux femmes élues en Arabie saoudite Golfe Les hommes ont voté pour des candidates lors de l'élection de la chambre de commerce de Djedda. DEUX FEMMES ont été élues en Arabie saoudite, pour la première fois dans l'histoire du royaume. Lama al-Souleimane et Nashwa Taher figuraient sur une liste d'entrepreneurs et d'industriels qui a remporté hier les douze sièges du conseil d'administration de la chambre de commerce de Djedda, la grande cité portuaire de la mer Rouge. Les femmes pouvaient déjà voter dans ces élections, mais c'est la première fois qu'elles étaient autorisées à se présenter. L'élection de deux femmes sur douze sièges a surpris les observateurs, qui s'attendaient au mieux à une victoire féminine. Ce sont les hommes qui ont apparemment voulu cette petite révolution : sur 3 880 électeurs, 100 seulement étaient des femmes, alors que 17 femmes se présentaient, sur 71 candidats au total. «Nous devons leur donner une chance car elles sont sous-représentées dans la société», a déclaré un chef d'entreprise, Houmam Attar. «C'est un grand bon en avant pour les Saoudiennes», a reconnu Lama al-Souleimane. En vertu des règles sur la séparation des sexes, les électrices ont voté séparément, un jour avant les électeurs. Mais comme cela arrive régulièrement en Arabie saoudite, des brèches temporaires ont été ouvertes. Une des candidates, Madawi al-Hassoun, a créé une petite sensation en se rendant sous la tente de campagne de son groupe le jour du vote masculin, se mêlant à des centaines d'hommes qui n'étaient pas ses parents. Longue marche vers l'égalité La percée des femmes dans le secteur économique est encouragée par le roi Abdallah. En 2004, les femmes ont obtenu le droit d'obtenir des licences commerciales en leur nom, et non en celui de leur mari. Ces avancées, qui se produisent au moment où l'Arabie saoudite vient d'entrer dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC), représentent un pas de plus dans la longue marche des Saoudiennes vers l'égalité. Absentes des premières élections municipales partielles de 2005, elles pourront voter la prochaine fois, leur a promis le gouvernement. Par ailleurs, le débat sur leur place dans la société est devenu quasi quotidien dans la presse saoudienne, où l'on peut parfois lire l'opinion de religieux traditionnels argumentant que l'interdiction faite aux femmes de conduire n'est pas inscrite dans l'islam.