Élection Désorganisation et irrégularités perturbent l'élection présidentielle en Egypte Quelque 32 millions d'électeurs sont appelés aux urnes, mercredi 7 septembre en Egypte, pour la première élection présidentielle pluraliste. Sous la pression des Etats-Unis et des mouvements de la société civile égyptienne, Hosni Moubarak a modifié la Constitution, instituant l'élection du président au suffrage universel direct. Neuf personnalités affrontent Hosni Moubarak, dont Aymane Nour, du parti Ghad (Demain), et Noman Gomaa, du parti Wafd. La confusion a marqué les premières heures du scrutin. La Commission électorale, qui organise l'élection, a installé 9 865 bureaux de vote dans les vingt-six provinces du pays. Cependant, la désorganisation semble ralentir les opérations, faisant craindre que tous les inscrits ne puissent voter d'ici à 22 heures (21 heures en France). Le mouvement d'opposition Kefaya a noté que si chacun des 600 à 700 électeurs inscrits en moyenne dans chaque bureau de vote "prend cinq minutes pour voter, l'opération durera cinquante heures". "LA MOITIÉ DE L'ÉGYPTE NE VOTERA PAS" Les listes électorales ne sont pas à jour. De nombreux électeurs, au Caire comme en province, se sont plaints de ne pas avoir trouvé leurs noms sur les listes. Quelque 600 électeurs habituellement inscrits dans une école primaire de la ville n'ont pas retrouvé leurs noms sur les listes, selon une source de sécurité. M. Nour, adversaire de M. Moubarak, a affirmé en outre que "la moitié de l'Egypte ne votera pas car on demande aux gens leur carte d'électeur". La Commission électorale avait décidé que les électeurs qui votent dans leur circonscription pouvaient le faire avec une simple pièce d'identité. Face à cette désorganisation, le Parti national démocrate (PND) du président Moubarak a même présenté une plainte officielle auprès de la Commission électorale. Le PND s'est plaint que les queues s'étant formées devant les bureaux de vote "ont poussé les électeurs à partir avant d'avoir voté". Il a imputé la responsabilité de cette situation aux juges qui supervisent le scrutin : "Dans la plupart des bureaux de vote, les juges font entrer les électeurs un par un, même s'il y a quatre ou cinq urnes dans le bureau", a affirmé Mohammad Kamal, un responsable du parti. Les premiers chiffres de participation paraissent particulièrement faibles. Dans quatre bureaux de vote du Caire, moins de 1 000 personnes avaient voté sur un total de 18 000 électeurs inscrits. Le Comité indépendant pour la supervision de l'élection a estimé que 20 % des 9 865 bureaux de vote ont tardé à ouvrir leurs portes comme prévu à 8 heures. La Commission électorale affirmait, elle, que la participation était forte. "Vu l'affluence remarquable des électeurs, qui a causé des attroupements dans certains bureaux de vote, la Commission électorale appelle les citoyens à être patients et à attendre leur tour pour voter", a-t-elle dit dans un communiqué.