Annonce Des travaillistes s'en prennent au ministre des finances Gordon Brown La trêve au sommet du Parti travailliste britannique n'aura duré que quelques heures. Le fragile accord tacite entre le chancelier de l'Echiquier Gordon Brown et le premier ministre Tony Blair, après l'annonce publique par ce dernier qu'il quittera le pouvoir d'ici un an, n'a pas calmé tous les esprits parmi les chefs du Labour. L'ancien ministre de l'intérieur et de l'éducation, Charles Clarke, a lancé, vendredi 8 septembre, une attaque frontale et personnelle contre Gordon Brown, le ministre des finances et dauphin présumé de M. Blair. Il a accusé M. Brown d'avoir agi de manière "absolument stupide" en laissant grossir la révolte contre le premier ministre, voire en l'encourageant en coulisses. Dans une interview au quotidien Evening Standard, M. Clarke a estimé que M. Brown "aurait dû s'exprimer fermement et prendre ses distances" avec les rebelles qui demandaient le départ rapide ou immédiat de Tony Blair. "Il aurait pu le faire d'un claquement de doigts. Cela a été une pure folie", a-t-il ajouté. "MANQUE DE CONFIANCE" Cette attaque de M. Clarke a fait beaucoup de bruit pour deux raisons. D'abord parce que son auteur, vétéran respecté du Labour, connu pour son indépendance d'esprit et limogé cavalièrement du gouvernement il y a peu, n'a aucune raison de se montrer complaisant envers le premier ministre. Ensuite parce qu'il a reproché à M. Brown d'avoir manqué du sang-froid que devrait posséder tout prétendant au poste de premier ministre. "Il est talentueux et brillant", a-t-il ajouté, "mais il est nerveux et manque de confiance". Cette attaque rappelle celle lancée il y a quelques années dans l'entourage de M. Blair contre les "faiblesses psychologiques" de son chancelier. M. Brown en avait été ulcéré. Ce dernier a, il est vrai, prêté le flanc à de tels griefs. Tout le monde a pu le voir jeudi, en pleine crise, quitter en voiture Downing Street en arborant un très large sourire, comme s'il ne pouvait s'empêcher, lui souvent si austère et réservé, de cacher sa satisfaction d'avoir contraint Tony Blair à passer sous ses fourches Caudines. "C'est une photo terrible", a tranché M. Clarke. De manière plus générale, la presse n'est pas tendre envers M. Brown, qui sort, à court terme, renforcé de la crise, mais guère grandi. Les commentateurs s'interrogent moins sur les capacités intellectuelles et gestionnaires de M. Brown, qui sont évidentes, que sur la nature de la politique qu'il a l'intention de mettre en oeuvre lorsqu'il sera premier ministre. En quoi le cofondateur du New Labour tiendra-t-il d'emblée à marquer sa différence ? Cette question reste sans réponse, tant M. Brown s'est peu dévoilé sur tout ce qui ne touchait pas à son domaine ministériel direct. Une chose est sûre : il fera tout pour hâter la transition. Selon la presse, M. Blair pourrait démissionner de la tête du Labour le 4 mai 2007, au lendemain des élections locales et régionales, et M. Brown le remplacerait dès la mi-juin.