Crise Des soldats israéliens désobéissent Les colons font monter la tension à Gaza Un soldat israélien qui avait refusé dimanche de participer à la démolition de bâtiments abandonnés d'une colonie juive dans le sud de la bande de Gaza a été condamné hier à 56 jours de prison ferme pour refus d'obéir aux ordres. Le premier ministre Ariel Sharon a =mis en garde les Juifs ultranationalistes qui persisteraient à s'opposer à l'évacuation totale de la bande de Gaza, dénonçant le «comportement sauvage» et antidémocratique de cette «petite minorité de gens qui transgressent la loi» et contre lesquels il compte lutter. Une atmosphère de répétition générale a gagné Israël à sept semaines de l'évacuation programmée de vingt et une colonies de la bande de Gaza et de quatre implantations du nord de la Cisjordanie. Les colons extrémistes, qui se disent prêts à tout pour empêcher le retrait, multiplient les actions pour tester la détermination de la police et de l'armée et pour faire monter la tension. La tâche s'annonce ardue pour le gouvernement. Après deux jours d'incidents dans le bloc de colonies du Goush Katif, dans le sud de Gaza, entre soldats et colons extrémistes, Ariel Sharon a dénoncé ce «comportement sauvage» qu'il veut éradiquer. Dimanche, pour la première fois, des heurts ont opposé l'armée à des colons hostiles au retrait. Par crainte de voir les colons extrémistes s'y barricader, Tsahal a ordonné la destruction de 11 bâtiments militaires égyptiens désaffectés. L'affrontement a éclaté près de la colonie de Shirat Hayam, lorsque les colons ont grimpé sur les bulldozers, pour tenter de les empêcher de raser les bâtiments. Sans succès. Mais ils ont néanmoins remporté une victoire significative. Choqué par la tournure des événements, un soldat israélien a refusé d'obéir à l'ordre de maîtriser les colons, pour que les bulldozers puissent entrer en action. Hier, le soldat refuznik, le caporal Avi Bieber, a été condamné par un tribunal militaire à 56 jours de prison. Les images filmées de son refus ont offert aux militants antiretrait un nouveau symbole. Selon la presse israélienne, une douzaine de camarades issus de son unité auraient fait part à leur commandant de leur intention de désobéir aux ordres la prochaine fois qu'ils seront appelés à chasser des colons. Le soir même de leur évacuation, les colons sont venus planter des tentes sur les ruines des bâtiments détruits. Hier, leur colonie sauvage était toujours en place. Lundi, ils ont aussi pris le contrôle d'un bâtiment non habité, appartenant aux Palestiniens de Maouassi, une enclave palestinienne située dans le Goush Katif. Ils ont hissé des drapeaux israéliens sur le toit et y ont attaché des fanions orange, la couleur des opposants au retrait. «Je suis venu ici pour réagir à la destruction des baraques égyptiennes, explique un colon âgé de 17 ans venu de Cisjordanie et qui occupe la maison palestinienne. Il est écrit dans la Torah que cette terre est à nous. Donc tout ce qui est dessus nous appartient. Non seulement nous ne partirons pas. Mais si l'on essaie de nous chasser, nous allons rester pour tout prendre.» Quelques minutes plus tard, la police arrive pour ordonner aux jeunes colons de quitter la maison. «On n'a pas de chefs et on ne répond pas aux étrangers», répond un jeune nervi. Les policiers menacent de les arrêter et de les inculper s'ils ne sont pas partis à leur retour, dans quelques heures. «On ne va pas partir c'est notre maison maintenant, affirme le groupe de jeunes colons. On n'a pas peur de cette police de nazis.» Hier soir, ils étaient toujours là. Les policiers ne sont pas revenus. A l'approche des vacances scolaires, les jeunes colons de Cisjordanie sont de plus en plus nombreux à descendre de leurs collines pour aller renforcer la bande de Gaza. Les colons affirment que quelque 600 personnes sont venues s'installer dans le Goush Katif depuis 48 heures, pour leur prêter main-forte. Ils se sont notamment retranchés dans un hôtel désaffecté qu'ils ont rebaptisé la «Forteresse sur la mer». Les colons de la bande de Gaza rejettent majoritairement la présence de ces extrémistes incontrôlables, qui multiplient les provocations dirigées contre les Palestiniens de Maouassi depuis leur arrivée. «Je suis parfaitement conscient des efforts d'une petite minorité de gens qui transgressent la loi pour chercher une épreuve de force avec l'armée et les autres forces de sécurité, a dit Ariel Sharon hier. Mais cette minorité ne représente pas la communauté des colons. Nous devons tous avoir à l'esprit que les appels à la désobéissance et les efforts pour perturber l'existence des Israéliens mettent en péril l'existence d'Israël en tant que nation démocratique et juive.» L'épreuve de force se poursuivra aujourd'hui. Les colons radicaux ont prévu de paralyser le pays en bloquant les principaux axes routiers.