Scandale Des organes étaient prélevés sur des corps à l'insu des familles pour être greffés. Etats-Unis : cadavres exquis aux pompes funèbres Lorsque le célèbre journaliste de la BBC, Alistair Cooke, est mort, en mar 2004, d'un cancer du poumon, son corps fut transporté dans un crématoriu de Manhattan. Deux jours plus tard, la famille se vit remettre les cendre du défunt qui furent répandues dans Central Park. Depuis, elle a appris c qui s'était passé à l'époque. Des pilleurs ont prélevé plusieurs os sur l cadavre pour les écouler via une société spécialisée dans la vente d'organes Canaux légaux. Mercredi, sept entrepreneurs de pompes funèbres, dont celui qui a prélevé les os d'Alistair Cooke, ont plaidé coupable. Ils ont admis leur participation à un réseau de pilleurs de cadavres. Les organes étaient revendus à travers des canaux médicaux légaux pour des remplacements de hanches ou d'autres types d'opérations. Les sept suspects, dont l'identité n'a pas été rendue publique, ont accepté de coopérer avec les enquêteurs et de remettre leur licence professionnelle en échange d'une sentence allégée. Selon les enquêteurs, plus de mille corps ont subi le même sort. Au moins trois entreprises de pompes funèbres ont participé au trafic, à Manhattan, dans le Bronx et à Rochester (Etat de New York). Les parties d'un corps pouvaient rapporter jusqu'à 250 000 dollars. «Ces voleurs morbides pensaient pouvoir réussir le crime du siècle, dérobant les os des morts, sans aucune pensée pour les familles des victimes ou pour les receveurs susceptibles de se faire implanter des os pourris et des greffes de tissus», a déclaré mercredi Charles Hynes, le procureur de Brooklyn, en annonçant la mise en cause des suspects. Fausses déclarations. De fait, les malfaiteurs ne se contentaient pas de prélever des os, ils remplissaient de fausses déclarations sur leur provenance. C'est ainsi qu'Alistair Cooke, mort à 95 ans, a été rajeuni de dix ans sur les registres. Plus grave encore, son décès a été attribué à une crise cardiaque et non à un cancer qui s'était propagé aux os. Un mensonge aux conséquences potentiellement dramatiques pour la santé des receveurs. Le meneur du réseau suspecté par les enquêteurs, Michael Mastromarino, est un ancien dentiste du New Jersey qui avait créé Biomedical Tissue Services, une entreprise revendant des organes humains pour des implants médicaux. «Dans une pièce secrète de Daniel George & Son [une entreprise de pompes funèbres de Brooklyn dirigée par un complice, ndlr], Mastromarino retirait les os, les tendons, les valves sur le coeur et d'autres tissus de personnes récemment décédées», a expliqué Charles Hynes. Des radios et des photos montrent le remplacement de certains os par des tubes en PVC pour camoufler l'opération. Raymond Kelly, le chef de la police new-yorkaise a également précisé que «l'équipement utilisé, le masque, les gants, les instruments de chirurgie étaient jetés dans les corps» avant que ceux-ci soient recousus. Dissection illicite. Avec trois complices (deux assistants et un embaumeur), Mastromarino a été inculpé en février de complot, dissection illicite et falsification de pièces. Selon les documents de justice, cités par l'agence Reuters, ils travaillaient en liaison avec les entreprises de pompes funèbres pour prélever les organes sur les cadavres. «Ils falsifiaient les documents pour indiquer que les os émanaient de personnes sans maladie, alors que la plupart en avaient, ce qui rendait illégaux le prélèvement de ces os et leur revente», a déclaré le procureur adjoint Michael Vecchione. Les malfaiteurs créaient également de faux certificats par lesquels les personnes faisaient don de leur corps après leur mort. Les profits du trafic se chiffraient en millions de dollars, selon la justice. Mercredi, Michael Mastromarino et ses complices ont été inculpés de nouvelles charges, notamment de vols de corps et d'ouvertures de tombes. Ils ont plaidé non coupable. D'autres inculpations devraient suivre, a annoncé Charles Hynes. Joints au téléphone hier, plusieurs entrepreneurs de pompes funèbres new-yorkais refusent de commenter le scandale, se contentant de préciser qu'il ne concerne qu'une poignée de malfaiteurs au milieu de «milliers d'entrepreneurs honnêtes et travailleurs».