Anniversaire Des milliers d'Indiens dans les pas de Gandhi Ils commémorent la «marche du sel» de 1930 par le père de l'indépendance. soixante-quinze ans de distance, des milliers d'Indiens revivent depuis samedi la célèbre «marche du sel», un périple de 380 kilomètres qu'avait mené le mahatma Gandhi en 1930, considéré comme l'un des événements fondateurs de l'indépendance de l'Inde. Partie de l'ashram (ermitage) de Sabarmati, le lieu de retraite spirituel de Gandhi situé à Ahmedabad, à l'ouest du pays, la marche se poursuivra vingt-six jours durant, pour aboutir sur la côte le 7 avril, dans les marais salants de Dandi. Provocation. C'est la réplique exacte du parcours qu'avait effectué l'apôtre de la non-violence dans un de ses nombreux gestes de défiance à l'égard des autorités britanniques. Une fois arrivé à Dandi, Mohandas Karamchand Gandhi, plus connu sous le nom de mahatma («grande âme») Gandhi, avait en effet brisé un pain de sel devant des milliers de personnes. Une provocation symbolique, puisqu'à l'époque sa production faisait l'objet d'un monopole réservé à la puissance coloniale. Une idée de génie, aussi, puisque le petit homme aux lunettes cerclées défiait ouvertement les autorités britanniques sans pour autant tomber dans la violence. Une image qui devait inspirer tout un continent, donnant naissance au mouvement de désobéissance civile qui, dix-sept ans plus tard, allait mener l'Inde à l'indépendance. A l'initiative de Tushar Gandhi, petit-fils de celui que les Indiens considèrent comme le père de la nation, la marche commémorative a été inaugurée par la présidente du Parti du Congrès, Sonia Gandhi (sans lien de parenté avec le Mahatma). «Grâce à cette marche, nous allons répandre à travers le pays le message de non-violence du mahatma Gandhi et inciter la jeunesse à combattre l'injustice, la violence et le communalisme», a-t-elle déclaré, avant de mener le cortège sur les trois premiers kilomètres, accompagnée de plusieurs ministres et suivie de milliers d'admirateurs du Mahatma, indiens ou étrangers. Manipulation. De nombreux amis du Mahatma, assassiné en 1948, ont toutefois préféré ne pas rejoindre la procession, estimant qu'il s'agissait d'une manipulation politique visant à redorer l'image du Congrès, et plus particulièrement celle de sa présidente. Samedi matin, la marche s'est d'ailleurs ouverte sur une longue série de slogans, «Longue vie à Sonia Gandhi», quelque peu déplacés. Adulée des foules, l'an dernier, après la victoire inattendue du Congrès aux élections législatives, la veuve de l'ancien Premier ministre Rajiv Gandhi a été vivement critiquée ces dernières semaines, après que son parti a tenté de s'emparer du pouvoir dans deux Etats bien que ses élus locaux y soient minoritaires. Si le Congrès compte sur l'héritage du Mahatma pour marquer des points politiques, la plupart des participants ne sont là que pour rendre hommage à son idéologie. Des marches semblables doivent se tenir dans quinze villes à travers le monde, notamment à Durban, en Afrique du Sud, où le jeune Gandhi avait commencé sa longue lutte contre le colonialisme.