Procès Des membres de la famille, des mineurs lors des faits, des adultes : pas moins de quinze personnes comparaissent aujourd'hui pour de multiples viols et tortures infligés pendant quatre ans à une adolescente de l'Ain. Mis en ligne le 26 avril 2004   Quinze accusés comparaissent à partir de ce lundi à huis clos devant la cour d'assises des mineurs de l'Ain pour le viol accompagné d'actes de tortures et de barbarie d'une adolescente de Saint-Rambert-en-Bugey, pendant quatre ans. Le procès de ces dix mineurs et de cinq majeurs au moment des faits, parmi lesquels la cousine de la victime, également jugée pour "proxénétisme", devrait durer deux semaines. Seuls trois d'entre eux comparaîtront détenus. Dans cette affaire, "au degré d'abomination rarement vu" selon le procureur de la république de l'Ain, Jacques Dallest, la victime affirme avoir été violée et torturée de 13 à 17 ans. * Le début du calvaire. Pour l'accusation, les premiers faits remontent au printemps 1996: poussée par sa cousine alors âgée de 23 ans, la mineure est contrainte d'avoir des relations sexuelles avec des adolescents du village qui se retrouvent tous les mercredi dans un appartement. La victime est ensuite soumise à des "tournantes" régulières, notamment dans des caves du quartier HLM de Saint-Rambert, qui s'accompagnent rapidement de violences. Dès le début, la victime se mûre dans le silence, craignant des représailles sur ses petites sœurs. * Arrivée des adultes et proxénétisme. Au bout de deux ans environ, les jeunes abandonnent en partie l'adolescente à des adultes, parmi lesquels certains de leurs pères et l'oncle de la victime. Ces derniers ont parfois rétribué sa cousine, présentée comme la "donneuse d'ordres". Dans ce dossier, disjoint du premier, des adultes ont été mis en examen pour viols. Leur procès devrait se dérouler en 2005. * Deux plaintes et un journal. En 1998, la jeune fille dépose une première plainte pour un viol qui débouche sur la condamnation à de la prison avec sursis de deux adolescents, devant le tribunal pour enfants. Les sévices vont ensuite reprendre. Poussée par une éducatrice, elle dépose une seconde plainte deux ans plus tard, qui sera suivie, en juin 2001, de l'arrestation des personnes désignées. Alors incapable de parler aux enquêteurs, la jeune fille rédige un journal intime qui s'intitule: "journal d'une fille (...): 4 années traumatisantes, subir, encaisser, faire assouvir, abus, honte..." * Le profil des accusés. Certains accusés ont partiellement reconnu les faits, d'autres les nient. Leur profil dressé par les experts psychiatres laisse apparaître une "absence de pathologie mentale avérée", "une grande immaturité", certaines "déficiences intellectuelles" et des comportements liés au phénomène de groupe. L'un d'entre eux a affirmé aux enquêteurs: "elle était mon plaisir personnel. Je devais la dresser, elle me devait obéissance". * Le profil de la victime. Depuis sa seconde plainte, la jeune femme a fait plusieurs tentatives de suicide. Elle a probablement été victime de viols depuis son enfance, notamment de la part de son grand-père maternel, mis en examen et écroué. Des soupçons également pèsent sur un autre membre de la famille. Photo d'ouverture : archives