Annonce Des lieux de culte musulman attaqués aux Pays-Bas Une école coranique a été endommagée par une explosion et plusieurs mosquées ont été la cible de tentatives d'incendie au cours des dernières 48 heures. La police lie cette vague de violence à l'assassinat la semaine dernière du réalisateur Theo Van Gogh, tué par un extrémiste islamiste présumé. Une explosion a endommagé l'entrée d'une école coranique, lundi 8 novembre, à Eindhoven, dans le sud des Pays-Bas. "L'explosion s'est produite vers 3 h 30. Il n'y a pas de victime mais l'entrée de l'école a été sérieusement endommagée, les vitres ont été soufflées de même que les vitres de certaines maisons du quartier", a déclaré une porte-parole de la municipalité, Marian Jentjens. La police estime qu'il pourrait s'agir d'un attentat lié à l'assassinat mardi du réalisateur Theo Van Gogh, auteur d'un film qui critique le traitement des femmes dans les socités musulmanes, et dont le meurtrier présumé est maroco-néerlandais. L'explosion s'est produite en pleine nuit, et la police a dit avoir reçu des menaces visant les institutions musulmanes après le meurtre de Theo Van Gogh, assassiné mardi dans une rue d'Amsterdam. Alexander Sakkers, maire d'Eindhoven, a déclaré à la chaîne de télévision NOS que "cette attaque stupide ne devait pas faire monter la tension entre les communautés composant la population". L'école coranique est située près d'une mosquée à Eindhoven et a déjà été la cible d'une attaque par le passé. CLIMAT D'HOSTILITÉ Cet acte de violence fait suite à plusieurs attaques dirigées ce week-end contre des mosquées, sans faire de dégâts importants. Dans la ville de Huizen, près d'Amsterdam, la police a arrêté, samedi matin, trois personnes qui étaient en train de provoquer un incendie dans une mosquée. Elles ont été prises sur le fait par des représentants de l'édifice religieux. Les forces de l'ordre ont aussi arrêté, dimanche matin, un homme qui tentait apparemment de mettre le feu à une mosquée de Rotterdam. Seule la porte du lieu de culte a été endommagée. Des tracts insultants ont été placardés sur une autre mosquée du grand port néerlandais. Et à Amsterdam, un centre d'accueil d'immigrés a été barbouillé de peinture rouge. Des manifestants d'extrême droite ont défilé à Amsterdam et à Rotterdam pour décharger leur colère après l'assassinat de Theo Van Gogh. Le gouvernement a lancé des appels au calme dans un climat d'hostilité grandissante à l'égard des étrangers. Près d'un million de musulmans vivent aux Pays-Bas, dont ils forment environ 6 % de la population. La plupart sont originaires de Turquie et du Maroc. Theo Van Gogh, qui avait 47 ans, était l'auteur d'un film sur une musulmane mariée de force, violentée par son mari et violée par son oncle, dont la diffusion à la télévision néerlandaise lui avait valu des menaces de mort. Selon un sondage de RTL Nieuws, 47 % des Néerlandais disent se sentir moins tolérants à l'égard des musulmans depuis l'assassinat du cinéaste. D'après un autre sondage, la proportion de ceux qui soutiennent un populiste partisan de l'arrêt de l'immigration en provenance de la Turquie et du Maroc s'élèverait à 12 %. DÉCLARATION DE GUERRE La police néerlandaise a procédé, vendredi, à une nouvelle interpellation dans l'enquête sur le meurtre de Theo Van Gogh, et deux autres suspects ont été libérés. Un homme de 23 ans d'origine marocaine a été arrêté et des cassettes vidéo ainsi que des ordinateurs ont été saisis à son domicile d'Amsterdam. Le parquet précise dans un communiqué que cet homme est soupçonné d'appartenir à une organisation animée d'"intentions terroristes", et d'avoir "comploté en vue d'un meurtre à caractère terroriste" visant notamment le réalisateur assassiné et la députée libérale Ayaan Hirsi Ali, qui a écrit le film de Theo Van Gogh intitulé Soumission. En tout, neuf personnes ont été interpellées dans le cadre de cette enquête. Le ministre des finances et vice-premier ministre, Gerrit Zalm, qui a annoncé de nouvelles mesures de sécurité vendredi à l'issue d'une réunion du gouvernement, a évoqué une véritable "guerre" après l'assassinat de Theo Van Gogh et les menaces proférées à l'encontre de Mme Hirsi Ali et Geert Wilders, un populiste considéré comme le successeur de Pim Fortuyn pour ses propos sur l'islam. Fortuyn, un homme politique populiste et xénophobe, a lui-même été assassiné en 2002 par un défenseur de la cause animale. "En réponse, nous leur déclarons la guerre, nous allons intensifier la lutte et faire en sorte que les mouvements islamistes radicaux disparaissent des Pays-Bas, a dit M. Wilders. Ce n'est pas que de l'extrémisme théorique, c'est concret, ce qui est nouveau pour les Pays-Bas."