Crise Des heurts ont éclaté sur l'esplanade des Mosquées le "Jour de Jérusalem" La police israélienne a dispersé par la force, lundi 6 juin, des Palestiniens qui lançaient des pierres sur des juifs à l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, alors que le premier ministre israélien, Ariel Sharon, s'est engagé à maintenir la Ville sainte sous souveraineté israélienne "pour l'éternité". La police israélienne a affirmé que "des centaines de jeunes Palestiniens" avaient attaqué à coups de pierre "10 à 15 visiteurs juifs" sur l'esplanade. "Nos forces sont intervenues en tirant des grenades assourdissantes", a-t-elle précisé, faisant état d'un Palestinien arrêté et de deux Israéliens légèrement blessés. Selon l'agence de presse Wafa, de l'Autorité palestinienne, la police a autorisé "des groupes juifs extrémistes" à pénétrer sur l'esplanade, sous couvert de visites touristiques. A Ramallah en Cisjordanie, le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a déploré des "violations graves et injustifiées qui risquent d'avoir des conséquences regrettables". "Une horde de colons extrémistes et criminels a attaqué Al-Aqsa et pénétré sur son esplanade, ce qui a amené les habitants (palestiniens) de Jérusalem à voler à sa défense", a affirmé le premier ministre palestinien, Ahmed Qoreï. Un chef du mouvement radical Djihad islamique, Khaled Al-Batsh, a mis en garde contre "un bain de sang" en cas d'agression lancée par des extrémistes juifs contre l'esplanade, qui abrite le dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l'islam après La Mecque et Médine. L'esplanade a été bâtie sur le site du temple juif détruit par les Romains en 70 après Jésus-Christ, dont l'ultime vestige est le mur des Lamentations, haut lieu du judaïsme. La police a récemment fait état de provocations planifiées par des extrémistes juifs contre l'esplanade pour saboter le retrait israélien de la bande de Gaza et de quatre colonies en Cisjordanie prévu à partir d'août. COMMÉMORATION DU "JOUR DE JÉRUSALEM" Les heurts sur l'esplanade sont survenus au moment où Israël commémore, conformément au calendrier hébraïque, le "Jour de Jérusalem" marquant le 38e anniversaire de la "réunification" de la ville, après la guerre israélo-arabe de 1967. "Jérusalem est a nous pour l'éternité et n'appartiendra plus jamais aux étrangers", a déclaré M. Sharon lors d'une cérémonie clôturant les célébrations, à Jérusalem-Est, en présence des principaux dignitaires de l'Etat. La cérémonie s'est déroulée à Givat Hatahmoshet (la colline aux munitions), un bastion tenu par la légion jordanienne et dont la prise par les parachutistes israéliens, à l'issue de violents combats, avait fait sauter le dernier verrou de la défense du secteur oriental de Jérusalem en 1967. M. Sharon, tout comme le président israélien, Moshé Katzav, avant lui, a insisté sur "la liberté de culte" pour les trois grandes religions monothéistes à Jérusalem. "En aucune manière nous ne permettrons à quiconque de porter atteinte aux lieux saints de l'islam sur le mont du Temple", a déclaré le président israélien, en faisant référence à l'esplanade des Mosquées. Le 30 juillet 1980, une "loi fondamentale" du Parlement a proclamé Jérusalem "réunifiée et capitale éternelle d'Israël", mais cette décision est contestée par la communauté internationale. Les Palestiniens ambitionnent de faire de Jérusalem-Est la capitale de l'Etat auquel ils aspirent. Concernant le retrait de Gaza, le ministre israélien de la défense, Shaul Mofaz, a indiqué que les quelque 8 000 colons appelés à être évacués seront désarmés, par la force s'il le faut, peu avant le début de l'opération. La direction des colons de Cisjordanie et Gaza a dénoncé ces propos. "Les colons disposent de ces armes pour leur autodéfense contre les terroristes et les leur retirer les mettrait en danger", a-t-elle affirmé. Enfin, le ministre des affaires étrangères britannique, Jack Straw, est attendu mardi en Israël puis dans les territoires palestiniens.