Annonce Des "bénévoles" autorisés à assister les chirurgiens au bloc opératoirePour les médecins, il s'agit d'une "très ancienne tradition" , à laquelle est donnée aujourd'hui une "garantie supplémentaire de qualité" ; pour les infirmières, ce sont des "mesures scandaleuses prises au mépris de la sécurité des patients" .La publication, le 10 août, d'un décret et d'un arrêté permettant à des personnes "bénévoles" d'exercer, dans les blocs opératoires des cliniques, les fonctions d'aides opératoires et d'aides instrumentistes auprès des chirurgiens a créé, lundi 22 août, une vive polémique dans le milieu médical.Dénoncés par l'Association des enseignants et des écoles d'infirmiers de bloc opératoire (AEEIBO) et l'Union nationale des associations d'infirmiers de bloc opératoire diplômés d'Etat (Unaibode), ces textes régularisent la situation des femmes de chirurgiens qui assistent, hors de tout statut légal, leurs maris.Dans le milieu médical, ce n'est un secret pour personne : certains chirurgiens exerçant dans le privé s'entourent, au bloc opératoire, de leurs secrétaires ou de leurs épouses, sans que ces collaboratrices aient reçu de formation pour exercer des actes de soin.PROFESSION "BAFOUÉE"Selon le Syndicat des médecins libéraux (SML), ces personnes, qui sont parfois amenées à intervenir directement sur le corps des patients, en refermant une paroi, par exemple, "ont acquis, de par leurs longues années de pratique, des connaissances réelles et un savoir-faire indiscutable" . "Comme dans d'autres professions artisanales ou commerciales, les épouses faisaient l'assistance de leurs maris , explique le docteur Dinorino Cabrera, président du SML. Imaginer qu'elles sont incompétentes est ridicule : elles sont formées sur le tas et placées sous la responsabilité directe des praticiens." Cette situation, qui n'a pas cours dans les hôpitaux publics, où toutes les personnes exerçant au bloc ont un diplôme d'infirmier, a perduré sans contrôle jusqu'à la fin des années 1990.Souhaitant faire reconnaître leurs collaboratrices, notamment pour ne pas leur faire encourir de poursuites pour exercice illégal du métier d'infirmier, les médecins ont obtenu l'adoption par le Parlement, en 1999, d'un amendement officialisant la situation des personnes "salariées" de leur cabinet.La loi prévoyait un contrôle des connaissances : 2 600 personnes se sont soumises, en 2003, à un examen national dénoncé par les syndicats d'infirmières. "L'examen s'est borné à un questionnaire fermé très succinct et le taux de réussite a frôlé les 99 % , affirme Martine Reiss, présidente de l'AEEIBO. Par ailleurs, la loi prévoyait la mise en place d'une formation professionnelle obligatoire pour ces personnes, qui n'a jamais vu le jour." Restait le cas des épouses, "bénévoles" : c'est pour réparer cette "injustice" , selon la SML, qu'un amendement a été ajouté à la loi de financement de la Sécurité sociale du 20 décembre 2004. Un nouveau contrôle des connaissances devrait concerner, selon le ministère de la santé, 300 à 400 personnes.La situation est "scandaleuse" pour les infirmières diplômées d'Etat, qui estiment que leur profession, déjà confrontée à des difficultés de recrutement, "est de nouveau bafouée" . "Cette décision est totalement contradictoire avec le renforcement de la qualité des soins et la lutte contre les infections nosocomiales , explique Mme Reiss. A titre d'exemple, les infirmières de blocs reçoivent 120 heures de cours d'hygiène, ces personnes aucune." Estimant que ces textes contreviennent aux directives communautaires sur la formation minimale des infirmiers, l'AEEIBO et l'Unaibode devaient déposer, mardi 23 août, un référé en annulation devant le Conseil d'Etat, ainsi que, dans les jours qui viennent, un recours en excès de pouvoir.
