Scandale Des bébés vendus à leur naissance par des GitansTRAFIC Un réseau de vendeurs de bébés, organisé au sein de la communauté des gens du voyage, vient d'être démantelé au terme de quinze mois d'enquête. PAS MOINS de sept enfants, âgés de dix-huit mois environ et vendus à la naissance par leur mère d'origine bulgare, ont été retrouvés lors d'opérations menées à Paris, en Seine-Saint-Denis, dans le Nord, le Var, le Loir-et-Cher, le Puy-de-Dôme ainsi que dans la Manche. Les enquêteurs de l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH), épaulés par les gendarmes de la section de recherches de Rennes, ont placé en garde à vue les couples adoptifs, soit une dizaine de Gitans sédentarisés en mal d'enfant.L'affaire, instruite par un juge de Bobigny, remonte au 7 juillet 2004, après une plainte déposée par Maya K., prostituée bulgare de 23 ans qui dénonce le soi-disant vol de son bébé, à Saint-Denis. Les fonctionnaires de l'OCRTEH, en liaison avec leurs homologues de Sofia, établissent que l'enfant a en fait été vendu. La mère, semble-t-il prise de remords, dénonce alors l'existence d'une filière organisée depuis la Bulgarie par un clan familial recrutant sur place de jeunes femmes enceintes pauvres.6 000 euros pour un garçonArrivées en France, elles accouchaient sous leur propre identité, tandis que le père du couple acheteur se présentait en mairie pour signer l'acte de reconnaissance du nourrisson. A priori, les services d'état civil ont délivré les livrets de famille sans se méfier. Parfois, les futurs mamans donnaient naissance à leur enfant en usurpant l'identité de la mère adoptive.«Âgés d'à peine quelques jours, les nourrissons étaient négociés selon les règles de l'offre et de la demande comme s'il s'agissait d'une voiture d'occasion, confie un enquêteur. Des rabatteurs trouvaient des «clients» dans la communauté du voyage et fixaient les tarifs de gré à gré...» En moyenne, un garçon était vendu à 6 000 euros, contre 5 000 euros pour une fille. Les mères biologiques percevaient entre 400 et 1 000 euros.Mises en coupe réglée par le réseau, certaines étaient par ailleurs contraintes de se prostituer. Le reste des bénéfices était réparti entre les «intermédiaires» et le clan bulgare qui continuait à tirer les ficelles depuis son pays. Au début du mois, les policiers français avaient discrètement appréhendé deux donneurs d'ordre bulgares ainsi qu'un rabatteur français. Selon nos informations, le trafic présente des ramifications en Italie, où plusieurs Bulgares ont été interpellés fin 2004 pour plusieurs ventes clandestines de nourrissons.Le sort des bébés retrouvés est désormais entre les mains de magistrats spécialisés dans chaque juridiction concernée par le trafic. Ainsi, à Bobigny, un juge pour enfants est saisi de trois cas : deux en Seine-Saint-Denis et un à Paris. En théorie, ils pourraient être placés dans des foyers d'accueil. Dans les faits, l'intérêt des enfants, qui ont tous été bien traités, devrait primer. Les parents adoptifs, bien qu'exposés à des poursuites pour «enlèvements de mineurs de moins de quinze ans», pourraient donc s'en voir confier la garde.
