Démission Démissions en série à l'Institut Pasteur Une séance extraordinaire du conseil d'administration (CA) de l'Institut Pasteur, mercredi 12 janvier, a vu adopter le principe de la démission collective des seize membres élus du CA sur vingt. Quatre membres représentant l'Inserm, le ministère des Finances, le CNRS et le ministère de la Recherche gardent leur siège. Un conseil d'administration mouvementé, le 16 décembre 2004, avait décidé de convoquer une assemblée extraordinaire de l'Institut (l'assemblée des «Cent» ou des «actionnaires») pour désigner un nouveau conseil. L'opposition montante des pastoriens à leur directeur et à l'équipe dirigeante (nos éditions du 15 décembre 2004) connaissait alors un pic. Le site d'actualités de la revue américaine Science du 13 janvier 2005 parle «d'explosion». Trois sujets fâchent depuis une trentaine de mois : un déménagement de plus de 250 chercheurs à Fresnes, des fermetures d'unités ainsi que les licenciements et les mises à la retraite, qualifiées de «brutales», et ce que l'on pourrait appeler la «vision pastorienne» des missions de l'Institut. Sans parler d'un système d'évaluation et d'un rapprochement avec le monde industriel qui n'est pas du goût de tous. L'équipe actuelle n a pas de politique de recherche cohérente, ont dit au Figaro de nombreux chercheurs. Le directeur général, Philippe Kourilsky, est contesté. En juin 2004, pour la première fois de son histoire, l'assemblée des Cent, instance ultime de contrôle, a décidé de ne pas approuver le rapport scientifique et financier présenté par le conseil d'administration. Le 29 novembre dernier, une manifestation de pastoriens membres d'unités «transférables» à Fresnes a stoppé un processus de déménagement décidé, selon eux, «sans concertation» par la direction. A quelques voix près, le conseil a failli être renversé. Un médiateur, sir John Skehel (directeur scientifique du National Institute for Medical Research britannique), a été nommé pour gérer l'affaire. Selon un membre du conseil d'administration, «tout le monde n'est pas venu mercredi avec les mêmes objectifs, certains voulaient un vote de défiance vis-à-vis du président du conseil, Michel Bon, mais cela n'a pas été retenu. Il a été plutôt décidé de retourner devant l'assemblée des Cent. La démission en bloc sera effective le jour de l'assemblée (15 mars 2005, NDLR) pour éviter la vacance.» Certes, la chute solitaire de Michel Bon, ancien président de France Télécom, aurait pu sauver l'équipe dirigeante, mais le président du conseil d'administration, (qui ne pouvait être joint hier) a refusé de jouer le rôle de «bouc émissaire», selon un autre membre du CA et réclamé une démission collective. «Cette crise est de nature symbolique, analyse de son côté le directeur Philippe Kourilsky. Le budget de l'Institut est en progression de 35%. Sa réussite est reconnue au niveau mondial. Pour contenir le changement profond des dernières années, il faut un volonté. Celle-ci est interprétée comme de l'autoritarisme. C'est un vrai défi de faire des changements en France.»