Annonce Déficit commercial record en novembre pour les Etats-Unis Pour être informé avant tout le monde, recevez nos alertes par e-mail. Abonnez-vous au Monde.fr Les exportations ont chuté de 2,3 % en novembre malgré la forte baisse du dollar, notamment face à l'euro, alors que les importations ont progressé de 1,3 %, notamment à cause du cours élevé du pétrole, qui a creusé le déficit de la balance pétrolière. Les Etats-Unis ont une fois de plus creusé leur déficit commercial en novembre dernier pour atteindre un record de 60,3 milliards de dollars (45,9 milliards d'euros, au cours du 12 janvier), après 56 milliards de dollars en octobre (42,62 milliards d'euros), en raison notamment d'un recul des exportations et d'une envolée des importations de pétrole, a indiqué, mercredi 12 janvier, le département du commerce. Ce chiffre, qui représente une aggravation de 7,7 % du trou commercial en novembre par rapport au chiffre révisé pour octobre, a déçu les analystes qui tablaient sur un déficit de 53 milliards de dollars (40,3 milliards d'euros) et ne s'attendaient pas à un nouveau record. Sur onze mois (de janvier à novembre), les Etats-Unis affichent ainsi un déficit de 561,3 milliards de dollars (427 milliards d'euros) contre 452,5 milliards de dollars (344,4 milliards d'euros) sur la même période en 2003. Pour l'ensemble de 2003, le déficit avait atteint 496,5 milliards de dollars (377,9 milliards d'euros), selon les chiffres du ministère. La première économie du monde vit donc plus que jamais à crédit, une situation qui devrait encore peser sur le billet vert. Le creusement du déficit commercial en novembre s'explique surtout par un nouveau record du niveau des importations pétrolières (19,4 milliards de dollars) en novembre, creusant le déficit de la balance pétrolière à 17,8 milliards de dollars. Mais le déficit de la balance commerciale des produits non pétroliers a, lui aussi, affiché un record à 45,1 milliards de dollars. CHUTE DES EXPORTATIONS MALGRÉ LA BAISSE DU DOLLAR Les importations en novembre ont progressé de 1,3 % et ont été chiffrées à 155,8 milliards de dollars (118,6 milliards d'euros). Les achats de produits alimentaires et de boissons à l'étranger ont constitué un nouveau record à 5,4 milliards de dollars en novembre, de même que ceux d'équipements industriels (39,6 milliards de dollars) et de biens de consommation (32,4 milliards de dollars). Sur les onze premiers mois de l'année 2004, les importations de biens et services ont atteint 1 604,4 milliards de dollars (1 221 milliards d'euros) pour des exportations à hauteur de 1 043 milliards de dollars (794 milliards d'euros). Les Etats-Unis ont affiché en novembre un déficit record avec le Canada et la Russie et le plus fort déficit envers le Japon depuis octobre 2000. Le déficit avec la Chine a atteint 16,6 milliards de dollars et celui avec l'Union européenne des 25 à 10,5 milliards de dollars. La vigueur de la consommation des ménages a favorisé la hausse des importations. La forte demande en produits technologiques, notamment, a creusé au montant record de 5,8 milliards de dollars le déficit de cette catégorie. Quant aux exportations, elles ont baissé de 2,3 % à 95,6 milliards de dollars (72,76 milliards d'euros). Les expéditions américaines de produits industriels et de matériaux (notamment matières plastiques et produits chimiques) ont diminué en raison d'un affaiblissement de la demande étrangère malgré la baisse du dollar. Les exportations de voitures américaines et de pièces détachées ont elles aussi subi une légère baisse. Le déficit a continué à se creuser malgré une baisse de 50 % du dollar par rapport à l'euro au cours des trois dernières années, ce qui aurait dû au contraire permettre une diminution progressive. LA CONFIANCE DE JOHN SNOW, LA DÉFIANCE DES MARCHÉS Le secrétaire américain au Trésor, John Snow, a estimé mercredi que le déficit commercial record des Etats-Unis était dû au fait que l'économie américaine affiche une forte croissance et qu'elle croît plus vite que celle de ses partenaires. "Le déficit commercial reflète deux choses : que notre économie connaît un taux de croissance rapide" et que "nous avons une croissance plus forte que celle de nos partenaires commerciaux", a déclaré John Snow, mercredi à New York, à quelques journalistes. "Le revenu des ménages est en hausse, l'emploi est en hausse, nous avons donc plus de revenu disponible dont une partie est utilisée pour acheter des biens à nos partenaires commerciaux", a-t-il précisé. Il a ajouté que la prochaine réunion du G7 serait centrée sur la question de la croissance mondiale. "Nous avons besoin de plus d'un moteur de croissance dans le monde. Nous avons besoin que l'Europe soit un moteur de croissance, nous avons besoin que le Japon soit un moteur de croissance", a martelé M. Snow. Malgré ces propos "rassurants", le dollar, dont la forte baisse devrait pourtant avoir une influence positive sur la balance commerciale, a mal réagi à l'annonce du chiffre du déficit et perdu du terrain face à l'euro. L'euro progressait fortement face au dollar mercredi sur le marché des changes. Vers 14 heures GMT (15 heures à Paris), l'euro s'échangeait à 1,3230 dollar contre 1,3090 dollar quatre heures plus tôt et 1,3106 mardi soir à New York. Le dollar se négociait à 102,21 yens, contre 103,42 yens auparavant, et 103,30 yens mardi soir. La devise européenne a bondi en quelques minutes jusqu'à 1,3240 dollar, enregistrant une hausse de 0,8 %, les investisseurs vendant des dollars, après les chiffres du département américain du commerce. Le chiffre du déficit est une mauvaise surprise pour les investisseurs et économistes qui tablaient au contraire sur une nette réduction du déficit commercial américain. "La réaction du marché a été brutale et montre bien l'ampleur de sa déception", a souligné Kamal Sharma, économiste à la banque Dresdner Kleinwort Wasserstein (DKW). "Cela montre bien que les Etats-Unis ont toujours autant de mal à financer leur énorme déficit des comptes courants", a-t-il ajouté. Le déficit des comptes courants des Etats-Unis est avec le déficit budgétaire l'un des déséquilibres qui alimentent les inquiétudes des investisseurs à propos de l'économie américaine. D'octobre à fin décembre 2004, le dollar a reculé de plus de 10 % face à l'euro en raison de ces facteurs : depuis début 2005, le dollar se redressait face à l'euro alors que les investisseurs rééquilibraient leurs actifs. "Le net recul du dollar devrait reprendre", a prévenu Kamal Sharma, de DKW. De son côté, Audrey Childe-Freeman, économiste à la Banque canadienne impériale de commerce (CIBC), a estimé que "ces chiffres ont souligné l'ampleur des problèmes qui menacent l'économie américaine : son déficit commercial continue à se creuser". "Le déficit américain avec le Japon progresse fortement, ce qui montre bien que le problème du déficit américain ne sera pas résolu par la seule appréciation de l'euro face au dollar", a-t-il ajouté.