Crise Décret d'urgence et guerilla urbaine à Bagdad Le Premier ministre irakien s'est vu attribuer par décret des prérogatives sécuritaires exceptionnelles pour juguler la violence, qui s'est déchaînée mercredi à Bagdad avec des combats de rue. Pour juguler la violence qui s'est encore déchaînée mercredi à Bagdad, le Premier ministre irakien Iyad Allaoui disposera désormais d'un train de mesures sécuritaires, qu'il s'est vu attribuer par décret, neuf jours après le transfert du pouvoir en Irak. Ces prérogatives vont de l'imposition du couvre-feu à l'émission de mandats d'arrêt en passant par la dissolution d'associations, la restriction des déplacements et le recours aux écoutes téléphoniques. Selon le décret sur "la sécurité nationale", le Premier ministre, qui a appelé à la mobilisation nationale pour restaurer la paix en Irak, peut "lancer des mandats d'arrêt, de perquisition et imposer des restrictions sur la liberté des citoyens et des étrangers soupçonnés de crimes". Il peut "restreindre les déplacements à l'intérieur de l'Irak, interdire la sortie du pays, imposer des restrictions sur les rassemblements et le port d'armes". "Il peut aussi arrêter des suspects et perquisitionner leur domicile et sur leur lieu de travail", précise le décret. Guerilla à Bagdad Les affrontements ont éclaté dans la matinée entre des membres de la Garde nationale et des hommes armés, autour d'un barrage de la Garde nationale sur la place Talaï, sur l'avenue Haifa, en plein centre de la capitale. De nombreux échanges de tirs coupés d'explosion ont ensuite retenti durant plusieurs heures, conduisant les forces américaines à tirer de leurs blindés et de leurs hélicoptères de combat. Deux membres de la Garde nationale ont été tués et dix autres blessés, lors de ces affrontements, a annoncé à l'AFP le lieutenant Abou Nour de cette force paramilitaire, à l'hôpital al-Karkh. Les soldats américains ont perdu un de leurs véhicules blindés de type Humvee, touché à un carrefour. Un photographe de l'AFP a vu le corps d'un garde national, traîné au sol par des membres de la guérilla après avoir été touché par les tirs. Des témoins affirment avoir vu des cadavres mutilés allongés sur le sol. Violence disparate Plus tôt dans la ville, au moins cinq Irakiens, dont une femme, avaient été blessés par des tirs de mortier près de la résidence du Premier ministre Iyad Allaoui. Une voiture piégée avec quelque 750 kg d'explosifs et plusieurs obus a aussi été découverte et neutralisée dans la ville. D'autre part, à Taji, à la sortie nord de Bagdad, cinq soldats irakiens ont été tués dans une attaque perpétrée tôt dans la matinée. L'armée américaine a annoncé pour sa part mercredi la mort de quatre Marines tués la veille au combat dans la province agitée d'al-Anbar. L'oléoduc de Bassorah réparé Dans le sud, l'oléoduc endommagé a par ailleurs été réparé plus tôt que prévu permettant de rétablir les exportations de brut par le terminal de Bassorah à leur niveau habituel. "Nous pompons actuellement 72.000 barils par heure", a dit un responsable du terminal pétrolier offshore de Bassorah, dans le nord du Golfe, joint par téléphone. Selon lui, l'oléoduc endommagé dans la région de Zoubaïr a été réparé et re mis en service, ce qu'a confirmé un ingénieur de la Compagnie du pétrole du sud (SOC), s'exprimant sous le couvert de l'anonymat. Le rythme de 72.000 barils par heure, permet à l'Irak en cas de fonctionnement à plein régime du terminal d'atteindre des exportations de 1,72 million de barils par jour, soit à peu près le niveau d'avant la rupture de l'oléoduc samedi dernier.