Découverte Découverte "exceptionnelle" d'un baptistère paléochrétien à Ajaccio AJACCIO (AFP) - Les vestiges extrêmement bien conservés d'un baptistère de la première cathédrale d'Ajaccio, datant probablement du Ve siècle, ont été mis au jour, ce qui constitue une découverte exceptionnelle, selon l'Inrap qui en a fait l'annonce jeudi. L'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) considère que cette découverte conforte l'hypothèse d'une évangélisation de la Corse à partir de l'Afrique du Nord. "Cette découverte est exceptionnelle car le baptistère date du paléochrétien (des premiers chrétiens, entre les Ier et Ve siècles, ndlr) et les découvertes de ce genre sont assez rares en France", a expliqué à l'AFP Daniel Istria, l'archéologue de l'Inrap responsable de cette fouille. Son équipe travaille depuis mars 2005 sur le "site Alban", tout proche du centre ville, sur lequel avait été érigée, dans les années 1930, une Manufacture des Tabacs d'Ajaccio, dont il ne reste plus qu'une belle façade dans le style mauresque, inscrite à l'inventaire des monuments historiques. Le baptistère mis au jour, "dont la construction date à première vue du Ve siècle, mais que seule une analyse à venir permettra de dater de manière plus fiable", était "associé à la première cathédrale d'Ajaccio, dont la localisation précise est encore inconnue", explique l'Inrap. Sur cinq baptistères associés au premier siège épiscopal de l'île, situé probablement, comme cette récente découverte, au coeur de l'agglomération antique d'Ajaccio, trois ont été mis au jour jusqu'à présent: Mariana (à Lucciana, Haute-Corse), Sagone (Corse-du-Sud) et celui du site Alban. Un squelette découvert dans une des 81 tombes d'un cimetière médiéval de la première cathédrale de la ville, le 9 juin 2005 à Ajaccio STEPHAN AGOSTIN/SA/lab/bl,SA/lab/b © AFP Stephan Agostin Cette découverte permet notamment, selon M. Istria, de conforter l'hypothèse selon laquelle l'évangélisation de la Corse s'est faite à partir de l'Afrique du Nord: le baptistère découvert et extrêmement bien conservé est constitué d'une abside au centre de laquelle la grande cuve baptismale, d'une profondeur de 1,34 m, est cruciforme, un détail à rapprocher des modèles découverts en Afrique du Nord. La fouille d'un important dépotoir associé à ce complexe a permis de recueillir près de 5.000 fragments de céramique, sur lesquels les experts commencent à travailler. En outre, un cimetière édifié sur le baptistère après son abandon, au VIe ou VIIe siècle, a permis de découvrir 81 tombes aux sépultures extrêmement variées et aux squelettes très bien conservés. Selon l'Inrap, l'archéologie préventive, qui impose, en vertu d'une loi, de procéder à un diagnostic archéologique avant toute construction ou aménagement important, privé ou public, a permis en quatre ans d'existence d'apporter "une actualité scientifique sans précédent pour la période charnière entre la fin de l'Antiquité et le début du Moyen-Age". Les archéologues de l'Inrap, établissement public qui recèle la plus importante structure archéologique française, travaillent sur près de 2.500 chantiers par an. Ils ont notamment mis au jour quatre basiliques paléochrétiennes dont les datations oscillent entre le IVe et le Ve siècle: Arles et Marseille, Rezé (Loire-Atlantique) et Roanne (Loire).