Découverte Découverte d'un roman inédit d'Alexandre Dumas père PARIS (AFP) - Un roman d'Alexandre Dumas père jamais publié en librairie, titré "Le Chevalier de Sainte-Hermine", a été découvert à la Bibliothèque nationale de France, annonce mardi Le Figaro. C'est Claude Schopp, biographe et grand spécialiste de l'auteur des "Trois Mousquetaires", qui a mis la main sur ce texte, paru en feuilleton dans un quotidien de 1869, Le Moniteur Universel, précise le journal. Le roman, qui compte plus de neuf cents pages et auquel il ne manque que quelques lignes finales - que Claude Schopp écrira lui même en italique - constitue la pièce manquante d'une trilogie entamée avec "Les Blancs et les Bleus" et poursuivie avec "Les Compagnons de Jehu". Il paraîtra en juin aux éditions Phébus. L'oeuvre n'a pu être tout-à-fait achevée par Dumas car celui-ci, déja malade, est mort quelques mois plus tard, en 1870. De sorte que le travail de correction et de mise en forme définitif pour publication en volumes n'avait pu être effectué par l'écrivain, alors que le texte paru en feuilleton était farci d'erreurs du fait d'une relecture hâtive due aux impératifs d'une impression quotidienne rapide. Claude Schopp s'y est attelé : il y a mis une dizaine d'années. Le trésor a été découvert par Claude Schopp, un spécialiste de l'auteur des «Trois Mousquetaires» Comment on a retrouvé un roman inédit d'Alexandre Dumas C'est une traque qui a duré près de dix-sept années. «Le premier indice remonte à 1988», raconte Claude Schopp, l'un des meilleurs connaisseurs des oeuvres d'Alexandre Dumas, qui a dédié toute sa vie, ou presque, au créateur de d'Artagnan. Et d'ajouter : «Je cherchais à vérifier un détail pour un sujet sur l'auteur des Trois Mousquetaires. De fil en aiguille, après de nombreux mois de recherches, je devais consulter le journal Le Moniteur universel. Quelle ne fut pas ma surprise, lorsque, de bobines en bobines d'archive, je suis tombé sur un feuilleton quasi complet, titré Le Chevalier de Sainte-Hermine, et signé d'Alexandre Dumas. Sa publication avait commencé dans ce quotidien le 1erjanvier, pour se terminer à la fin novembre. Pendant un quart d'heure, au contact de ce trésor, j'ai eu l'impression de posséder le monde.» Le feuilleton, écrit en 1869 par celui dont les jours sont comptés – Dumas est mort en 1870 –, n'avait jamais été publié en librairie. Ce n'est pas la première fois que cet expert, et d'autres, découvraient un inédit du génial prolifique, mais jusqu'ici l'on tombait sur des pièces de théâtre, des récits de voyage, des correspondances, ou des écrits assez courts. Le Chevalier de Sainte-Hermine pèse lourd avec plus de 900 pages, et trouve parfaitement sa place dans l'oeuvre romanesque d'Alexandre Dumas. Et c'est surtout le dernier roman de l'écrivain. En fait, explique Claude Schopp, le chevalier de Sainte-Hermine était déjà mentionné dans deux autres ouvrages : Les Blancs et les Bleus et les Compagnons de Jéhu. Le Chevalier de Sainte-Hermine était la pierre manquante d'une trilogie composée des deux premiers livres cités. «C'est du grand Dumas, dans la veine du héros vengeur tel que Le Comte de Monte Cristo», précise l'expert. «C'est une pièce qui manquait dans le puz zle de l'oeu vre romanesque de Dumas», précise Jean-Pierre Sicre, le patron des éditions Phébus, qui publiera l'ouvrage. Le livre est resté inachevé, car l'auteur se mourait : il lui manque donc quelques lignes au dernier chapitre, que Claude Schopp s'est autorisé à ajouter, en italique. Il faut dire que l'oeuvre de la plume de Dumas et de son «atelier» est «un territoire immense» ; on ne désespère donc pas de dénicher des inédits à l'avenir. Réginald Hamel, un professeur québécois à la retraite, ancien spécialiste d'études françaises, et auteur du Dictionnaire Dumas, qui a eu la chance – ou plutôt le talent – d'exhumer Les Voleurs d'or, une pièce de théâtre en cinq actes, qui ne fut jamais publiée de son temps. Il avait trouvé cette curiosité dans les archives de la Bibliothèque nationale de France. Tout comme Claude Schopp. Une fois le feuilleton découvert, l'histoire ne fait que commencer. «Claude Schopp a effectué un travail titanesque pour rendre le roman cohérent, souligne Jean-Pierre Sicre. Il a fallu corriger les nombreuses fautes liées à une publication rapide dans la presse – sur les noms des personnages, des lieux, etc. En fait, Claude Schopp a réalisé le travail de réécriture que ne manquaient pas de faire Dumas et son équipe, et qu'ils n'ont pas eu la possibilité de réaliser à la mort du romancier.» Un travail d'autant plus ardu que l'écrivain avait l'habitude de multiplier les identités pour un seul personnage. Seules trois personnes étaient au courant du projet : Claude Schopp et Jean-Pierre Sicre, bien sûr, ainsi que Christophe Mercier, écrivain, critique littéraire et collaborateur du Figaro. On saura, le 3 juin, si, au bout de cette «traque» d'une dizaine d'années, le gibier en vaut la peine. Une chose est certaine : les passionnés de Dumas trouveront de quoi compléter une jolie collection.