annonce De guerre lasse, l'opinion rejette BushUne grande majorité d'Américains désapprouve désormais l'action de Bush en Irak. Une impopularité présidentielle historique.L'un des clips les plus demandés sur la chaîne musicale MTV est une ballade douloureuse sur fond de guerre en Irak : Wake Me Up When September Ends, du trio punk-rock Green Day. Un autre clip, Stranger in a Strange Land, chanté par Barbra Streisand, montre des soldats américains partant pour la guerre. Pendant ce temps, les Rolling Stones viennent d'ajouter dans leur répertoire leur première chanson véritablement engagée, dans laquelle ils interrogent : «Comment as-tu pu te planter autant, mon cher néocon[servateur]?» Le vent a tourné aux Etats-Unis pendant l'été. Désormais, la majorité des Américains ne rêvent que d'une chose, sortir au plus vite d'Irak, perçu comme un chaos impossible. Les sondages confirment tous qu'un basculement a eu lieu. Ainsi, selon Gallup, 57 % des Américains jugent que cette guerre rend les Etats-Unis plus vulnérables au terrorisme (contre 39 % il y a deux mois). Et seulement 40 % des sondés approuvent encore l'action de Bush, contre 56 % qui la désapprouvent. A l'exception de Nixon, jamais un président n'a atteint, depuis la Seconde Guerre mondiale, une cote aussi basse en début de second mandat. Mais Bush ne compte pas changer de plan malgré la fin des travaux constitutionnels en Irak. Il a salué «un document dont les Irakiens et le reste du monde peuvent être fiers», mais a annoncé que les efforts américains en Irak allaient requérir encore du «temps» et des «sacrifices».Ce divorce entre le Président et l'opinion publique nourrit le mouvement antiguerre. Cindy Sheehan, la mère d'un soldat tué en Irak qui campe depuis le 6 août devant le ranch présidentiel de Crawford, au Texas, reste à la une de tous les journaux (lire page 6). En portant la question des morts américains au coeur du débat, elle pourrait avoir joué un rôle décisif dans le basculement de l'opinion. Au sein du parti républicain, les critiques se multiplient. Récemment, le sénateur républicain du Nebraska Chuck Hagel, possible candidat à la présidentielle, a comparé la situation au Vietnam, une guerre qu'il a faite. Selon lui, plus les Etats-Unis restent longtemps en Irak, plus ils déstabilisent le Moyen-Orient. Mais les démocrates, jusque-là, restent les bras ballants, incapables de reconnaître qu'ils ont eu tort de soutenir la guerre il y a trois ans et de proposer une stratégie alternative à celle de Bush pour en sortir.
