Médaille de bronze (France) Lutte :Lutte libre. Les Françaises décrochent deux fois le bronze. Angélique Berthenet est quatrième en moins de 48 kg.Gomis et Legrand : la lutte enchantée Devant quelques centaines de Japonais aussi enthousiastes que bruyants, la lutte féminine française a remporté hier deux médailles de bronze à Athènes, sur trois lutteuses engagées. L'avènement tant attendu de cette «301e épreuve», selon le mot du président de la Fédération Jean-Michel Brun, aurait permis à la lutte féminine de «trouver enfin sa juste place sur l'Olympe».Caméras. Jean-Michel Brun s'emballe un peu vite. Ce ne sont pas que les médailles qui font la reconnaissance. Lise Legrand, médaille de bronze en moins de 63 kg, le dira d'ailleurs sitôt après son combat. «C'est la couronne de lauriers qui me branchait surtout. La médaille ? Oh, c'est sympa aussi.» Anna Gomis, médaille de bronze en moins de 55 kg, avait, elle, du mal à accepter sa troisième place, rongeant sa déception de n'avoir pas mieux fait le matin face à une Japonaise. «Quand je serai sur le podium et que je vais entendre l'hymne japonais, ah non...», ruminait-elle.La lutte féminine avait surtout besoin de se montrer, d'être enfin devant caméras et micros. Des jeunes femmes sans muscles saillants disgracieux et à la tête bien faite. Histoire de montrer une bonne fois pour toutes que ce n'est pas une affaire de viragos body-buildées, de garçons manqués querelleurs.Angélique Berthenet, quatrième, aura ainsi fait hier au moins autant que ses copines pour la promotion de la lutte féminine. La jeune femme, qui concourt en moins de 48 kg, est rayonnante malgré sa défaite face à une Américaine, vice-championne du monde 2003. Un corps harmonieux, des cheveux blonds soigneusement ordonnés en petites couettes, un tatouage oriental sur le mollet gauche, elle est mignonne comme un coeur. «Je suis contente de moi. Nous donnons une bonne image de la lutte. C'est un sport féminin et combatif à la fois.» Il faut voir ce petit bout de femme faire des clés aux jambes, s'arc-bouter sous l'effort, se faire étriller les bras par son entraîneur pendant les trente secondes de repos entre les deux reprises de trois minutes. Puis repartir au combat avec envie.Onze ans. Une énergie communicative qui fait vibrer le public. «C'est super cette ambiance. J'espère que les gens qui ont l'air contents vont continuer à nous soutenir.» La lutte, elle est tombée dedans à 7 ans, «parce que j'étais bagarreuse. Maintenant je me suis calmée.» A presque 28 ans, Angélique Berthenet se trouve «vieille» et va arrêter la compétition pour «agrandir la famille». Pour l'heure, elle est depuis quatre ans la maman d'un petit Melvyn, né quasiment dans les salles de lutte. «Mon mari est mon entraîneur, alors on l'emmène en stage, aux compétitions, partout, mais il n'a pas pris le virus», raconte-elle. A Athènes, il n'est pas venu. «C'est la première fois. Ce n'était pas évident, combattre et le surveiller...»Gérard Santoro, l'entraîneur national, au bord du trop-plein de bonheur hier soir, voulait surtout leur rendre hommage, à toutes les trois. Bien sûr, il a serré dans ses bras sa première médaillée de façon bien peu protocolaire. Mais il veut associer les trois copines au sacre français. «Elles méritent.» Elles ont prolongé leur carrière pour tenir jusqu'aux Jeux, perdu des kilos pour tenir leur catégorie comme Legrand. Anna Gomis était la première championne du monde en 1993. Onze ans déjà.Lise Legrand est, elle, d'une famille de lutteurs. Avec son cocard à l'oeil droit, elle savoure. «Deux médailles, c'est presque un carton plein. Le seul bémol, c'est Angélique, mais elle va faire la fête avec nous ce soir. Car depuis le temps qu'on disait "ouh, ouh, nous les filles on existe aussi...", là enfin, ça se voit.» Son père est président d'un club de lutte, son mari avait été sélectionné à Atlanta. Alors, sur le podium, elle était intenable, brandissant sa médaille et son bouquet vers un petit groupe de spectateurs français. Hilare, sous sa couronne... d'olivier !
