Crise Darfour : un groupe rebelle rompt la trêve et veut renverser le pouvoirPour être informé avant tout le monde, recevez nos alertes par e-mail. Abonnez-vous au Monde.fr Le Mouvement de libération du Soudan (SLM), l'un des deux groupes rebelles du Darfour, a affirmé mercredi 24 novembre que la trêve signée en 2003 avec les autorités de Khartoum était désormais rompue et qu'il s'était assigné un nouveau but, celui de renverser le gouvernement. Mahjoub Hussein, porte-parole du Mouvement de libération du Soudan (SLM), a déclaré mercredi 24 novembre dans un entretien téléphonique avec l'AFP au Caire : "Tous les accords signés à Abuja et à N'Djamena sont rompus". M. Hussein, qui parlait de Londres, faisait référence aux deux protocoles d'accord (l'un sur la situation humanitaire, l'autre sur la question de la sécurité) signés entre Khartoum et les rebelles à Abuja en novembre et à l'accord de cessez-le-feu signé en 2003 dans la capitale tchadienne. Il a déclaré en substance que ces trois accords étaient désormais nuls et non avenus, et a reproché au gouvernement de ne pas avoir honoré ses engagements. Le SLM a décidé de reprendre le combat, a-t-il dit, "maintenant, la guerre reprend, nous sommes prêts à tout".Depuis sa signature, les autorités de Khartoum et les rebelles du SLM comme ceux du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) s'accusent mutuellement de violer l'acord de trêve de N'Djamena.Le conflit du Darfour a éclaté en février 2003 avec l'insurrection du JEM et du SLM, qui disent lutter pour un meilleur partage des richesses et contre la marginalisation dont sont victimes, selon eux, les Noirs de cette province désertique grande comme la France. Pour mater la rébellion, les autorités de Khartoum ont laissé le champ libres aux janjawids, milices arabes pro-gouvernementales que la communauté internationale accuse de massacres, de viols et de violations des droits de l'homme à grande échelle. Selon l'ONU, le conflit a fait environ 70 000 morts (tués dans les violences ou morts de faim ou de maladie) et 1,5 million de déplacés, dont environ 200 000 on trouvé refuge au Tchad voisin."CHANGER LE GOUVERNEMENT DU SOUDAN"M. Hussein a indiqué que son mouvement avait désormais adopté une "nouvelle stratégie" dans ce conflit : en plus de son combat en faveur d'une plus grande autonomie du Darfour, le SLM va aussi se battre pour la destitution du régime du général président Omar Al-Béchir. Selon lui, le SLM n'a plus d'autre choix aujourd'hui, "que de changer le gouvernement du Soudan". Les propos de M. Hussein prennent le contre-pied d'un communiqué du SLM publié la veille et reçu mercredi au Caire dans lequel le mouvement rebelle réaffirmait "son engagement au respect du cessez-le-feu et de tous les accords conclus avec le gouvernement soudanais".Interrogé sur ce brusque revirement, M. Hussein a simplement indiqué que le texte de la veille était dépassé. "N'y pensez plus !" a-t-il dit sans donner plus d'explication. Ce communiqué était un démenti des propos tenus par les autorités, qui ont accusé le SLM d'avoir lancé plusieurs attaques notamment sur la ville de Tawila dans l'Etat du Darfour du Nord. Malgré ce démenti, depuis mardi 23 novembre, l'ONU, la France et des organisations humanitaires ont reproché aux rebelles de ce mouvement d'avoir pris Tawila lundi 22 novembre, en violant le cessez-le-feu de manière flagrante. Dans un texte publié au Caire, l'organisation humanitaire Save the Children écrit avoir observé une escalade de la violence ces jours-ci à Tawila ayant contraint son personnel à quitter la ville. Si le texte parle d'un bombardement de l'aviation gouvernementale sur le ville, il accuse "les deux parties d'avoir fait preuve du plus grand mépris qui soit à l'égard du couvre-feu". L'ONG ajoute : "Une fois encore, ce sont des civils innocents, particulièrement des femmes et des enfants, qui souffrent sous les coups des rebelles et de leur propre gouvernement".De fait, l'annonce de la rupture de la trêve intervient dans un climat d'escalade de la violence face auquel le représentant spécial de l'ONU au Soudan, Jan Pronk, a exprimé mardi sa "vive inquiétude".
