Fin Dans un ultime craquement, le chêne de Marie-Antoinette est tombé le chêne de Marie-Antoinette (1755-1793), abattu le 9 février 2005 dans le parc du château de Versailles VERSAILLES (AFP) - En moins de deux minutes, deux tracteurs forestiers ont eu raison du chêne de Marie-Antoinette, le doyen (324 ans) des arbres du parc du château de Versailles victime de la canicule de 2003, qui est lourdement tombé au sol mercredi dans un dernier craquement.Pendant de longues secondes, les employés du château présents ont regardé le long squelette débarrassé de ses branches gisant au sol, hésitant entre applaudissements et larmes, conscients "qu'une page d'histoire venait d'être tournée".Pour Christine Albanel, présidente de l'Etablissement public du château de Versailles, "c'est quelque chose d'extrêmement fort d'entendre le craquement de l'arbre, un des fleurons de Versailles, de le voir tomber et, brusquement, ce fracas, c'est très fort". Elle y voit "un arrachement et pas seulement un arrachement à la terre" mais "un peu un arrachement à notre mémoire".Peu à peu, chacun s'approche de la dépouille du chêne planté il y a 324 ans dont la circonférence du tronc dépasse les 5,5 mètres et dont les racines, à peine sorties de terre, se dressent à plusieurs mètres de hauteur.Très ému, Alain Baraton, jardinier en chef du parc de Versailles, reconnaît qu'il " y a beaucoup de tristesse, car quand on est jardinier notre rôle est de conduire les arbres et de veiller à leur santé. Voir un arbre de cette dimension à terre, c'est quand même très triste".A ce moment, il pense aux "générations entières de jardiniers qui ont veillé sur le chêne de Marie-Antoinette". "Moi, je suis celui qui l'aura accompagné en fin de vie, qui l'aura emmené de nouveau dans les pépinières où il a vu le jour", lâche-t-il, reconnaissant "une certaine fierté finalement".Le chêne de Marie-Antoinette, le 27 août 2003 au Château de Versailles © AFP/Archives Jean AyissiHaut de 35 mètres, le chêne planté en 1681 par Le Nôtre était l'un des rares arbres à avoir échappé à la régénération du parc ordonnée par Louis XVI en 1776, alors qu'il n'avait pas encore fêté ses 100 ans.Planté à proximité de l'allée de la Reine, entre le Grand canal et le Grand Trianon, il a ainsi été dénommé car la reine Marie-Antoinette (1755-1793) aimait, dit-on, profiter de son ombrage lorsqu'elle séjournait à Trianon. Et ce sont justement les rayons du soleil de l'été caniculaire 2003 qui lui ont été fatals.Le chêne ne quittera pas Versailles car une fois relevé il sera exposé près des pépinières de Trianon. Pour Alain Baraton, il est "normal que Versailles conserve les arbres qui ont fait sa réputation au même titre que le mobilier ou les tableaux. Versailles, c'est un musée, mais c'est aussi un parc".Un nouvel arbre sera replanté en mars, un Quercus Robur, espèce réputée pour sa résistance et sa vigueur, il sera placé non loin du lieu où le chêne de Marie-Antoinette sera exposé.Quand au bosquet où régnait depuis plus de trois siècles le chêne majestueux, la descendance est assurée puisque des glands, prélevés il y a plus de dix ans, ont été replantés et donnent déjà de beaux arbustes.
