Mort Daniel Znyk, comédienLe comédien Daniel Znyk est mort, de manière brutale et inattendue, mardi 12 septembre, à l'âge de 47 ans. Son nom n'est pas immédiatement familier au grand public - peut-être parce qu'on le voyait peu au cinéma -, mais il était unanimement considéré, dans la profession comme parmi les amateurs de théâtre, comme un des comédiens français les plus puissants et les plus originaux.Pensionnaire de la Comédie-Française depuis 2004, Daniel Znyk a assisté, lundi 11 septembre, au dîner que la nouvelle administratrice du théâtre, Muriel Mayette, a donné pour les comédiens de la troupe. Il s'y est montré "très en forme et en verve", fait-on savoir à l'administration du Français, où l'on souligne que toute la maison est "accablée" par cette nouvelle. Après avoir quitté la soirée vers 2 heures du matin, le comédien a été retrouvé inanimé dans le hall de son immeuble deux heures plus tard. Son décès, dont la cause exacte sera déterminée par une autopsie, pourrait être dû à une crise cardiaque ou à une rupture d'anévrisme.A la Comédie-Française, Daniel Znyk avait joué notamment Sosie dans L'Espace furieux de son vieux complice Valère Novarina, créé au début de l'année Salle Richelieu : il y était une nouvelle fois éblouissant, comme dans toutes les créations de l'auteur-metteur en scène, qu'il a accompagné depuis quinze ans."UN ÉPOUVANTAIL DE CHARME"Son parcours dans la maison de Molière l'a vu interpréter également un Cadmos à la forte présence muette dans Les Bacchantes, d'Euripide, mises en scène par André Wilms. Il a encore joué dans Le Conte d'hiver, de Shakespeare, mis en scène par Muriel Mayette, et dans Le Menteur, de Corneille, mis en scène par Jean-Louis Benoît. Il interprétait Cléante dans le Tartuffe, mis en scène par Marcel Bozonnet, qui effectue actuellement une tournée en province.Auparavant, cet homme à la présence physique singulière et saisissante - une carrure de colosse, une tête cubique où étaient plantés deux yeux fixes - avait servi certains des meilleurs metteurs en scène français : Stéphane Braunschweig, Bernard Sobel, Jean-Pierre Vincent, Jacques Lassalle ou Jacques Nichet. Il avait aussi, à un moment, rejoint la bande des acteurs de l'auteur et metteur en scène Olivier Py, mais c'est son aventure exceptionnelle avec Valère Novarina qui restera avant tout dans les mémoires.Depuis Vous qui habitez le temps, en 1989, dans lequel il jouait le Chercheur de Falbala, Daniel Znyk est devenu l'incarnation par excellence de l'acteur novarinien : un extraordinaire mâcheur de mots, pétrisseur de la chair de la langue, capable de faire souffler sur les planches du théâtre un vent de folie aussi inquiétant que désopilant.Valère Novarina s'est dit "sonné, démoli" par cette disparition, tandis que Muriel Mayette a fait part de son "immense chagrin de voir partir un comédien admirable et unique, mais, surtout, une belle personne". Indéniablement, cet extraterrestre, cet "épouvantail de charme dans un champ de marguerites", comme l'a un jour appelé, dans ces colonnes, Michel Cournot (à propos de L'Opérette imaginaire, de Novarina, mise en scène par Claude Buchvald), va manquer au théâtre français.