Vainqueur du Paris-Roubaix : Fabian Cancellara
Victoire Cyclisme -Paris Roubaix : Fabian Cancellara détrône le roi BoonenLa victoire valait bien quelques larmes. Après 259 km de course, dont plus de 50 km de pavés, le Suisse Fabian Cancellara venait de gagner Paris-Roubaix, dimanche 9 avril, devant le favori du jour, le Belge Tom Boonen. Lors de la remise des prix, sur la pelouse du vélodrome d'arrivée, il a tant bien que mal contenu son émotion. Mais lorsque, juste après, il a dû répondre à des questions de la télévision danoise, le coureur de l'équipe CSC n'a pas réussi à cacher ses yeux rouges. Le présentateur a dû attendre plusieurs minutes avant que le cycliste ne réussisse à dénouer ses cordes vocales.Fabian Cancellara était d'autant plus ému que cela faisait trois ans qu'il s'était juré de remporter Paris-Roubaix. Juste après sa première participation, en 2003, il avait déclaré à ses coéquipiers : L'année prochaine, je rentrerai le premier sur le vélodrome." Il avait rempli son contrat, mais les quelques mètres qui restaient à parcourir dans l'enceinte lui avaient rappelé qu'une course n'est gagnée qu'une fois la ligne franchie. En 2005, c'est une crevaison qui avait eu raison de ses ambitions. Cette année, il ne devait y avoir que Tom Boonen, champion du monde et vainqueur de l'épreuve en titre, pour le contrarier. "Dès que le départ a été donné, je me suis dit que je pouvais le battre, a expliqué le Suisse, âgé de 25 ans, que ses coéquipiers surnomment Spartacus. Boonen n'est pas un homme d'acier, il est comme vous et moi."Sa révolte contre le chouchou des fans et des jeunes filles, Fabian Cancellara, notamment vainqueur du prologue du Tour de France 2004 devant Lance Armstrong, l'avait préparée lors des classiques ardennaises. A l'occasion du Tour des Flandres et de Gand-Wevelgem, notamment, où il a terminé deux fois sixième. "S'il n'y en a qu'un qu'il faut que je surveille, c'est Cancellara", aurait même lâché Tom Boonen avant la course.En ce dimanche au temps clair et sec, le Belge avait raison de se méfier. Il courait en espérant rééditer son doublé Tour des Flandres - Paris-Roubaix, réalisé en 2005. Son aisance lors de ses dernières apparitions en compétition laissait présager une course "écrite d'avance", selon de nombreux suiveurs.Mais, dès la tranchée d'Arenberg, le secteur pavé le plus célèbre, réintégrée au parcours après sa rénovation, le scénario a dévié. Le maillot arc-en-ciel de Tom Boonen s'est bien porté à l'avant, dans un effort sans réserve. Puis Fabian Cancellara, à son tour, a usé ses poursuivants, désintégrant le peloton.A la sortie, Tom Boonen "n'avait plus de jambes", et plus de coéquipiers. Restait en tête un groupe de quatorze coureurs. Frédéric Guesdon (Française des jeux), premier Français, 7e à l'arrivée, en faisait partie. George Hincapie (Discovery Channel), l'ancien coéquipier de Lance Armstrong et sérieux prétendant à la victoire, était là aussi. Mais, à moins de 50 km de l'arrivée, l'Américain a violemment chuté et a dû abandonner, l'épaule luxée. Fabian Cancellara a alors forcé l'allure. Tant et si bien qu'à 15 km de l'arrivée il s'est échappé.Pendant qu'il devenait le premier Suisse depuis 1923 à remporter la course, "l'Enfer du Nord" a connu aussi pour la première fois de son histoire les aléas d'un passage à niveau. Car si Tom Boonen a finalement terminé deuxième, c'est en raison de la disqualification de trois coureurs partis devant lui à la poursuite de Fabian Cancellara. A 10 km de l'arrivée, Peter Van Petegem (Davitamon), Vladimir Gusev et Leif Hoste (Discovery Channel) se sont tous les trois retrouvés coincés devant les barrières d'une voie ferrée. Les poursuivants n'ont eu qu'un réflexe : les franchir. Le règlement l'interdit.Quand Tom Boonen est arrivé à son tour, accompagné de deux autres coureurs, le train de marchandises interdisait le passage pendant plusieurs dizaines de secondes, a priori fatales pour un podium. Mais, finalement, salvatrices. "J'aurais fait comme les autres s'il n'y avait pas eu le train", a déclaré, honnête, le Belge à l'arrivée."