Création Création de l'association Victimes en série Depuis deux jours maintenant, Sylvain Leroy n'est «plus tout seul». Le frère de Fabienne Leroy, que le tueur en série Michel Fourniret, 62 ans, a reconnu avoir assassinée en 1988, a trouvé comme une bouée de secours : l'association Victimes en série, fondée officiellement à Paris le week-end dernier. Née de la volonté de deux avocats, Mes Gérard Chemla et Vincent Durtette, d'inciter «le système pénal» à faire davantage de place à la douleur des victimes et de leur famille, l'association compte déjà une trentaine de membres, parmi lesquels beaucoup de parents endeuillés, toujours dans l'attente de «réponses à [leurs] questions». «C'est bien simple : en 1987, Fourniret sort de prison, rappelle Me Chemla. En 1987, toujours, il commence à tuer. Or, ce n'est qu'en 2002 que l'on se rendra compte qu'un tueur en série sévit dans les Ardennes ! Est-ce normal ?» Sans pouvoir s'empêcher de faire le rapprochement avec l'affaire Chanal et le drame jamais jugé des disparus de Mourmelon, le conseil rémois s'est promis de tout faire pour ne pas retomber dans le piège d'un «dossier émietté» où la circulation des informations fait autant défaut que l'uniformisation de l'enquête. «Il s'agira d'analyser le moindre dysfonctionnement, souligne-t-il encore. Puis de le dénoncer.» Mais, plus que tout, chacun semble être venu chercher ici quelque dose de réconfort, d'écoute, de partage. «Il y a entre eux quelque chose qui n'existera jamais avec les avocats, les psychologues, les magistrats», note d'ailleurs un observateur. Si ce n'est avec ses parents, Sylvain semble n'avoir pas parlé depuis très longtemps de ce jour où l'on chercha Fabienne partout avant de découvrir son corps. «Mon père, ma mère, n'ont pas reçu à l'époque le soutien nécessaire, admet-il calmement. Ce que je fais aujourd'hui, c'est pour ma famille. Et, d'une certaine façon, nous le faisons tous ensemble.» Dans les prochaines semaines, Victimes en série entamera des démarches auprès des autorités européennes afin d'acquérir une dimension internationale. D'autres familles, frappées au-delà des frontières par cette même horreur, pourront ainsi prendre le train en marche. En France, toutes sont déjà prêtes pour leur première mission : faire entrer dans le Code pénal la notion même de «tueur en série».
